Marine Johannes a porté les Bleues vers la finale européenne. / ANDREJ ISAKOVIC / AFP

Pour la quatrième fois d’affilée, elles sont fidèles au rendez-vous. Depuis 2013, il est une chose immuable dans le basket au féminin : tous les deux ans, à l’Euro, la France est en finale. Les Bleues se sont qualifiées samedi 6 juillet pour la finale de l’édition 2019 en prenant le meilleur sur la Grande-Bretagne (63-56), invitée surprise du dernier carré.

Favorites de la rencontre, du fait de leurs habitudes sur le podium européen (elles ne l’ont plus quitté depuis leur titre en 2009) et de leur grosse performance en quarts face à la Belgique (victoire 84-80 après prolongations), les Bleues ont peiné à entrer dans la rencontre. En face, débarquées pour la première fois de leur histoire dans le dernier carré d’un Euro, les Anglaises attaquent la partie sans se poser de questions. Et font la course en tête, allumant à trois points et jouant libérées. De leur côté, les Bleues ne réglent pas la mire, et rament pour endiguer les offensives des coéquipières de Rachael Vanderwal.

Si l’on s’attendait à un duel au sommet à l’intérieur, entre Sandrine Gruda et Temi Fagbenle, autrices de performances dantesques lors du tour précédent, les deux tours se musellent, et c’est sur les ailes que la partie s’emballe.

Marine Johannès sonne la révolte

Transparente - ou presque - en attaque lors du quart de finale et moins en vue durant de cet Euro, Marine Johannes sonne la révolte. Après une pénétration conclue de manière accrobatique, la future joueuse des New York Liberty (en WNBA) prend feu, et ramène l’équipe de France dans son sillage. Quatorze points en première période, des coéquipières bien décalées, des balles interceptées et une énergie communicative en défense, l’arrière des Bleues s’occupe de tout. Et à la pause, les deux équipes sont à nouveau dos à dos 34-34.

« Dans cette équipe, on est capable de se relayer, a insisté la capitaine Endy Miyem après la rencontre, au micro de Canal+ Sport. Tout le monde est capable de prendre le match à son compte. Marine a brillé ce soir, c’est très bien. On a la victoire, c’est le plus important. »

Car les Bleues n’ont pas souhaité revivre leurs émotions du quart de finale face à la Belgique, et ont serré le jeu en seconde période. « On a su les tenir à distance, et c’était ça le piège », a mis en avant la meneuse Olivia Epoupa, une nouvelle fois présente dans tous les compartiments du jeu (5 points, 9 rebonds, 4 passes décisives).

Au retour des vestiaires, Valérie Garnier choisit d’aligner un trio de dragster à l’arrière, avec Hartley, Johannès et Chevaugeon, en plus des anciennes Gruda et Miyem, pour emballer la rencontre. Mais c’est la capitaine française qui enchaîne sept points de suite pour créer un premier écart. Si les Britanniques peinent à percer la défense française, les Bleues enchaînent par Johannes et Hartley, prenant jusqu’à neuf points d’avance.

Eviter une nouvelle désillusion finale

Mais la Grande-Bretagne n’est pas parvenue en demi-finale par erreur. Portée par Johanna Leenhan, leader vocale, et joueuse atypique mais décisive, les Anglaises reviennent à trois points à sept minutes du terme. Et ne convertissent pas trois occasions d’égaliser. Mais une nouvelle fois, Marine Johannès se charge, après une interception et une réalisation acrobatique, de faire souffler ses coéquipières. Meilleure joueuse du match avec 20 points (en plus de 4 rebonds, cinq passes et cinq interceptions), Johannès- que sa coach a toujours défendu, parfois vivement- a retrouvé des couleurs au meilleur moment de la compétition.

« J’ai eu pas mal de difficultés à rentrer dans ce Championnat d’Europe, c’était pas forcément facile », a reconnu l’arrière française, insistant sur la qualification pour une nouvelle finale. Car, en dépit de leurs habitudes sur le podium à chaque compétitions européennes, le chemin des Bleues n’a pas été aisé, et une telle persistance au plus haut niveau, en dépit des renouvellements de générations, est à souligner.

Si depuis quatre éditions de l’Euro, la France revient en finale avec la régularité d’une horloge atomique, la fin du mantra est également toujours la même : et à la fin, c’est toujours leur adversaire qui l’emporte (Espagne en 2013 et 2017, Serbie en 2015). Abonnées à l’argent européen, les Bleues de l’alchimiste Valérie Garnier se verraient bien le transformer en or, dimanche (20 H 30), face au vainqueur de la demi-finale entre leurs anciens bourreaux (Serbie - Espagne). Portées par ses anciennes, Gruda et Miyem, décidées à ne pas revivre une énième désillusion finale, les Bleues avaient affiché leurs ambitions avant l’Euro. « Cette année, ce sera la bonne. » Il ne leur reste plus qu’une marche à gravir, pour concrétiser leurs ambitions.