Des supporteurs américains devant la cathédrale Saint-Jean dans le Vieux Lyon le 2 juillet avant la demi-finale contre l’Angleterre. (AFP / ROMAIN LAFABREGUE) / ROMAIN LAFABREGUE / AFP

En ce jeudi, au lendemain de la deuxième demi-finale de la Coupe du monde féminine, entre les Pays-Bas et la Suède, les rues du Vieux Lyon sont calmes à l’heure du déjeuner. Les vitrines des boulangeries et restaurants attirent les curieux qui cherchent un endroit pour manger. « What is that » (« qu’est-ce que c’est ? »), se demande un groupe d’amis arborant des maillots floqués au nom de la footballeuse américaine Megan Rapinoe. Le rouge vif de la tarte aux pralines, spécialité lyonnaise, sur l’étalage derrière la vitre les intrigue.

Comme eux, plus de 20 000 Américains ont débarqué à Lyon depuis la demi-finale remportée par les Etats-Unis contre l’Angleterre, mardi, et découvrent la ville cette semaine. La plupart sont passés auparavant par Paris, pour le quart de finale face à la France, et certains ont suivi les Américaines en huitième et lors des matchs de poule à Reims et au Havre. Sur tous les billets vendus lors de la compétition, les Américains sont les deuxièmes plus grands acheteurs, derrière les Français.

A Lyon, dernière ville hôte du tournoi, où seules les demi-finales et la finale sont disputées, le constat est le même que dans les autres municipalités. Le public de ce Mondial est plus familial et plus féminin que celui des événements sportifs masculins.

Du vin plutôt que de la bière

Les Américains ont troqué la traditionnelle bière du supporteur pour le vin. Ou plus précisément, pour une « découverte des vignobles du Beaujolais », explique-t-on à l’antenne de l’office de tourisme du Vieux Lyon qui propose ce tour thématique, particulièrement populaire auprès des touristes d’outre-Atlantique.

Beaucoup de supporteurs des Etats-Unis rencontrés tout au long de ce Mondial ont profité de l’événement sportif pour visiter, obligeant l’office de tourisme de Lyon à faire revenir certains guides anglophones de vacances pour répondre à la demande.

A deux pas, devant la cathédrale Saint-Jean, un groupe écoute attentivement une guide touristique qui décrit la façade. « Nous savions que nous viendrions à Paris et à Lyon vu les matchs », raconte Paul Shimomoto, entouré par les jeunes footballeuses du club qu’il entraîne, le Honolulu Galaxy à Hawaï.

« Comme la plupart des joueuses sont des adolescentes, on leur a fait faire quelques recherches sur ce que nous allions voir et nous avons réservé une visite guidée », poursuit-il. Le groupe a vu le quart de finale face à la France à Paris, et les deux demi-finales à Lyon.

Voyage culturel et culinaire

Au programme pour eux, la basilique Notre-Dame de Fourvière, les vestiges romains, les traboules, ces fameux passages secrets typiques du Vieux Lyon, avant de finir au pied de la cathédrale. « Je leur parle d’histoire, mais en simplifiant, confie Anneliese, leur guide du jour. Les Américains ne connaissent pas forcément l’histoire de l’Europe. Ce qui les impressionne le plus, ce sont les thermes romains. »

De l’autre côté de la ville, les halles Paul-Bocuse, haut lieu de la culture gastronomique lyonnaise, étaient aussi prises d’assaut cette semaine par des supporteurs américains désireux de goûter quelques « lyonnaiseries ». Mercredi, au lendemain de la qualification de leur équipe pour la finale, il suffisait de déambuler à travers les étals pour croiser des groupes de jeunes femmes, des familles ou des couples qui s’extasiaient devant la profusion de victuailles.

Chez un célèbre fromager, à ce client qui demandait à tester les « cheeses from Lyon, please », le vendeur proposait un saint-marcellin, à déguster sur place après avoir été coupé en huit petits morceaux. On hésitait à mettre notre grain de sel pour proposer à l’audacieux Américain « la célèbre cervelle de canut », un fromage frais mélangé notamment avec de la ciboulette hachée, de l’échalote et du poivre…

Lily, 22 ans, qui parle français depuis un séjour linguistique à Nantes, est venue à Lyon avec sa sœur et deux camarades d’université de la prestigieuse UC Berkeley, afin d’assister aux deux demi-finales et à la finale. Les étudiantes californiennes sont de grandes fans de soccer depuis toujours, elles jouent dans la deuxième équipe de la fac, celle qui ne participe pas au championnat national NCAA, et « où l’on doit payer pour jouer ». A l’heure de la pause déjeuner, Lily et ses amies apprécient les découvertes culinaires : « On a acheté des fromages, on va dans les boulangeries, mais on n’a pas encore testé les bouchons lyonnais. »

« Une ville amusante »

Sur la Presqu’île, près de la rue Mercière, qui abrite plusieurs de ces restaurants typiquement lyonnais, une famille venue d’Oregon se prend en photo devant la fontaine de la place des Jacobins à l’effigie de plusieurs architectes et sculpteurs locaux. Ils font partie du large contingent de supporteurs des Portland Thorns, l’équipe féminine dans la prestigieuse ligue américaine où la Française Amandine Henry a évolué une saison.

« Il y a une forte culture ici à Lyon qui contraste d’une façon merveilleuse avec Paris, je suis très heureux d’être ici, c’est une ville amusante, Paris est un peu plus sérieuse », confie le grand-père, Chick Kozloff. La famille était présente lors de la finale de la Coupe du monde en 2015 à Vancouver, qui a vu les Américaines être sacrées pour la troisième fois.

« C’était une expérience transcendantale, se remémore le patriarche. Personne n’a quitté le stade pendant plus d’une heure, les joueuses étaient sur le terrain, elles prenaient des enfants dans leurs bras tout en saluant la foule. On espère que ce sera la même ambiance ici. » Avec une finale annoncée à guichets fermés face aux Pays-Bas, autre nation comptant des milliers de fidèles spectateurs depuis le début du Mondial, cela ne fait aucun doute.