Les Zébus malgaches célèbrent leur deuxième but face aux Super Eagles nigérians, à Alexandrie, le 30 juin 2019. / GIUSEPPE CACACE / AFP

Aller en huitièmes de finale, c’est déjà une sacrée victoire. Une qualification acquise grâce à une prouesse mémorable face au Nigeria. Les Super Eagles n’avaient jamais perdu contre Madagascar (trois victoires, un nul), ni encaissé le moindre but. Ils sont tombés de haut dimanche 30 juin, à Alexandrie, quand les Zébus, grâce à des buts de Lalaina Nomenjanahary et Charles Andriamanitsinoro, les ont terrassés, eux, pourtant rangés parmi les favoris de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Cette victoire (2-0) a classé les Malgaches à la première place du groupe B, puisqu’ils avaient auparavant fait match nul face à la Guinée (2-2) et battu le Burundi (1-0).

Sébastien Migné, le coach français du Kenya, qui les a affrontés en match amical le 7 juin dernier (1-0), n’est pas vraiment surpris de cette prouesse. « Cela fait plus de deux ans que Madagascar progresse et l’équipe a le vent en poupe. Elle n’a rien à perdre et va encore embêter du monde », professe-t-il. Derrière ce succès, il y a un nom. Le sélectionneur, Nicolas Dupuis, qui aligne la même équipe depuis le début du tournoi, n’est pas étranger à cette montée en puissance, lui qui a fait passer l’équipe des profondeurs du classement FIFA aux huitièmes de finale de la CAN depuis son arrivée en 2017.

Pour la compétition, l’équipe est installée à Alexandrie où, en dépit de la douceur méditerranéenne du lieu, il leur a demandé de rester concentrés. A peine le droit de fréquenter la piscine de l’hôtel. Dimanche 30 juin pourtant, pour marquer la victoire mémorable face au Nigeria et la sélection en huitièmes, les joueurs ont pu faire une exception à la règle et dîner dehors accompagnés par leur famille. Sans toutefois perdre de vue que « nous sommes en train d’écrire l’histoire que nous avons commencée il y a deux ans et demi », rappelle le capitaine Faneva Andriatsima. « Après la qualification pour la CAN, notre objectif était de gagner un match. On l’a fait face au Burundi. Depuis, ce n’est que du bonus et nous n’avons pas de limites », résume-t-il.

« Une grande force collective »

Depuis 2017, l’équipe a bien changé. Nicolas Dupuis a réussi à convaincre plusieurs joueurs d’origine malgache (Adrien, Métanire, Caloin, Fontaine, Mombris, Raveloson, Rambeloson, Ilaimaharitra) de rallier son projet et le défenseur Jérémy Morel (ex-Lyon) a proposé ses services à l’automne 2018. « Il y a aussi un peu plus de moyens, grâce à quelques sponsors privés et à l’Etat, même si cela reste peu élevé », précise un proche de la sélection. D’ailleurs, l’implication de l’Etat se lit aussi dans le déplacement en Egypte du ministre des sports, Roberto Tinoka, installé à l’hôtel des joueurs.

Dans cette sélection où cohabitent binationaux et des joueurs nés à Madagascar (Andriatsima, Anicet, Voavy, Nomenjanahary ou Andriamanitsinoro) qui évoluent tous à l’étranger, l’alchimie opère. Luc Hotz, sélectionneur du Luxembourg, a même observé à l’occasion du match amical entre les deux équipes le 2 juin (3-3) « une grande force collective et une vraie fraîcheur mentale ». Pour lui, « c’est une formation qui pratique un jeu de qualité avec beaucoup d’engagement et évolue sans pression, ce qui peut la rendre encore plus dangereuse ».

Les Zébus sont quotidiennement informés de la ferveur qui entoure désormais leur parcours égyptien, via leurs proches restés au pays ou les réseaux sociaux. « Nous n’avons rien d’autre à offrir à nos compatriotes que ces moments de joie, de bonheur. Il faut que nous en profitions et que cela dure le plus longtemps », précise le capitaine Faneva Andriatsima. Ce dimanche 7 juillet, au moment d’affronter la RDC, tout le pays, de Nosy Be à Tuléar, en passant par Antananarivo, Tamatave ou Fianarantsoa, sera à l’arrêt, les yeux rivés sur les écrans de télévision ou l’oreille collée à la radio. En rêvant à une histoire qui se prolonge encore un peu…

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