Dans le laboratoire de la Maison de l’artémisia d’Adzopé, en Côte d’Ivoire, en février 2019. / SIA KAMBOU / AFP

Un chercheur congolais a obtenu un visa qui lui permet de demander l’asile en France après avoir quitté la République démocratique du Congo (RDC), où il s’estime inquiété pour ses travaux sur un traitement alternatif du paludisme.

Médecin-chercheur, Jérôme Munyangi, 35 ans, avait défendu les bienfaits de la plante Artemisia prise en tisane dans un documentaire diffusé en janvier sur la chaîne France 24 sous le titre : Malaria business. Les laboratoires contre la médecine naturelle ?.

M. Munyangi a obtenu un visa de trois mois à l’ambassade de France en Centrafrique, a constaté l’AFP, qui a vu le document. « C’est un visa long séjour au titre de l’asile. Arrivé sur place [en France], il déposera une demande d’asile classique », a précisé une source diplomatique française à l’AFP.

Un député français, Stéphane Demilly, est « intervenu auprès du ministre des affaires étrangères ainsi qu’auprès du ministre de l’intérieur afin que la situation du docteur Munyangi fasse l’objet d’un examen attentif », indique une collaboratrice de l’élu de la Somme (Hauts-de-France).

Le chercheur est arrivé en région parisienne le 18 juin via la Centrafrique, a-t-il expliqué. Il affirme avoir quitté en mars la RDC, après avoir été détenu à deux reprises dans la capitale, Kinshasa.

« De plus en plus gênants »

« J’ai été fouetté, frappé avec des crosses de fusil par mes gardiens et mes avocats ont été chassés par la force », raconte-t-il à l’AFP au sujet de sa première détention. Les deux arrestations sont mentionnées par son avocat dans un courrier daté du 21 mars à la Maison de l’Artemisia France, concluant : « Il n’est pas en sécurité en République démocratique du Congo. »

Contacté par l’AFP, cet avocat, Patrick Kitembo, déclare que le motif des arrestations serait un litige au sujet d’un contrat entre le chercheur et un dépôt d’une entreprise pharmaceutique. « Le contrat en question n’existe pas. Le seul objectif était de déstabiliser le Dr Munyangi et ses recherches sur des traitements alternatifs au paludisme », ajoute l’avocat.

Dans le documentaire Malaria business, le chercheur affirme qu’une étude sur 1 000 patients avait prouvé que les tisanes d’Artemisia étaient plus efficaces que les médicaments conventionnels contre le paludisme, les ACT (combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine), recommandés par l’OMS.

« C’est là que les ennuis commencent avec la médecine conventionnelle, a-t-il dit. Les patients n’achètent plus les ACT. Nous devenons de plus en plus gênants. » L’OMS a voté dès 2007 une résolution « qui appelle à un retrait progressif des marchés des monothérapies à base d’artémisinine par voie orale ».

En 2017, le paludisme a tué 435 000 personnes, dont 93 % en Afrique, estime l’OMS.