L’affaire Epstein a fait son entrée à la Maison Blanche, mardi 9 juillet. Venus du camp démocrate, les appels à la démission du ministre américain du travail, Alexander Acosta, se sont multipliés depuis lundi et l’inculpation pour trafic sexuel de mineures du milliardaire Jeffrey Epstein, avec lequel M. Acosta, alors procureur fédéral de Miami (Floride), avait conclu un accord particulièrement favorable lors d’une première mise en cause en 2008.

Le président américain a dû prendre la défense de son « excellent ministre du travail », ajoutant qu’il « était désolé pour lui ». Donald Trump, qui a plusieurs fois été vu en compagnie de Jeffrey Epstein, a en outre affirmé qu’il allait « se pencher sur ce cas avec beaucoup d’attention ».

« Epstein aurait dû se retrouver derrière les barreaux mais malheureusement Alex Acosta lui a offert un accord un or, a déploré le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer. S’il ne démissionne pas, le président doit le faire partir. »

Depuis son épilogue en 2008, le traitement judiciaire de l’affaire Epstein a été régulièrement critiqué. Déjà accusé de recourir aux services de dizaines de jeunes mineures, pour des massages et des relations sexuelles tarifées, le financier encourait une peine de prison à vie.

Le FBI appelle les victimes à se manifester

Mais, en acceptant de plaider coupable pour avoir seulement sollicité les services de prostituées mineures, il avait obtenu un accord controversé lui permettant de négocier sa condamnation. Cet arrangement avec le procureur du district sud de Floride de l’époque, Alexander Acosta, lui avait permis de réduire sa peine à treize mois et de bénéficier de conditions particulièrement favorables. Il pouvait notamment travailler douze heures par jour, six jours par semaine, en dehors de la prison.

Mardi, M. Acosta, qui a qualifié les crimes de Jeffrey Epstein d’« horribles », s’est réjoui que « les procureurs de New York avancent sur cette affaire grâce à de nouvelles preuves et offrent l’occasion de le traduire en justice ». Une déclaration sur Twitter qui lui a valu une réponse cinglante de la part de Julie K. Brown, la journaliste du Miami Herald qui, en novembre 2018, avait mis en cause M. Acosta dans l’accord conclu en 2008 : « Sauf que le dossier montre que vous aviez toutes les preuves en 2007. Vous souvenez-vous des 53 pages d’accusations, des enregistrements téléphoniques, des témoins qui travaillaient pour Epstein ? »

Les accusatrices de 2008 contestent depuis plus de dix ans le secret qui a entouré l’accord conclu par le milliardaire avec la justice, estimant que leurs droits ont été bafoués.

Depuis lundi, à l’appel de la police fédérale (FBI), de nombreuses autres femmes se sont présentées comme des victimes de M. Epstein. Et des milliers de photographies de jeunes filles dénudées, dont certaines paraissent mineures, ont été retrouvées dans un coffre-fort de sa propriété à Manhattan.

L’ami des puissants

Lundi, le sexagénaire a plaidé non coupable. Si sa culpabilité est reconnue, il risque 45 ans de prison. Une nouvelle audience devrait déterminer, jeudi, s’il peut être libéré sous caution.

En quelques jours, l’ami des puissants a perdu au moins d’entre eux. Interrogé sur ses liens personnels avec le milliardaire proche de nombreuses célébrités et personnalités politiques, Donald Trump a assuré qu’il avait pris ses distances et qu’il ne lui avait « pas parlé depuis quinze ans ». En 2002, le futur président des Etats-Unis avait pourtant décrit Jeffrey Epstein comme un « type génial » : « On dit qu’il aime les belles femmes autant que moi, et que beaucoup d’entre elles sont plutôt jeunes. » « Je n’étais pas un fan », a toutefois affirmé, mardi, le locataire de la Maison Blanche.

La veille, l’ancien président démocrate Bill Clinton, également un ami de Jeffrey Epstein au début des années 2000, a déclaré dans un communiqué qu’il ne savait rien des crimes terribles du milliardaire, un homme qu’il qualifiait en 2002 de « financier à succès et de philanthrope engagé ».