Le Béninois Seidou Baraze suivi par le milieu de terrain du Sénégal Henri Saivet, au Caire, le 10 juillet. / MOHAMED EL-SHAHED / AFP

Les cantiques des supporteurs du Bénin dédiés à « Dieu » et à « Jésus le sauveur » n’ont pas suffi. Le Tout-Puissant a choisi son camp… Le Sénégal, après un match assez médiocre face au Bénin, file en demi-finale. Mercredi 10 juillet, au stade du 30-Juin du Caire, les Lions de la Teranga ont réussi à se qualifier grâce à un but d’une frappe limpide d’Idrissa Gana Gueye à la 70e minute. Jusqu’à cette ouverture du score, la première affiche des quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a été d’un triste ennui.

Le jeu des Sénégalais a été, une nouvelle fois, décevant. Il y a bien quelques fulgurances du patron Sadio Mané et de beaux dribbles bien sentis, mais l’attaquant de Liverpool ne peut pas évoluer à tous les postes. « Ce n’est pas grave, on s’est pourquoi on est là, c’est pour gagner la Coupe, insiste Abdouharame Dafe, un supporteur de 51 ans qui a fait le voyage depuis Dakar. Moi, je ne suis pas déçu par le jeu. On continue à le gérer discrètement. On a le mental pour aller jusqu’au bout. On ne va pas dévoiler tous nos secrets aux concurrents ! »

« Les Ecureuils nous ont surpris »

Contrairement au Maroc, cette « petite » nation n’a pas subi et a même rivalisé avec son « grand » adversaire du soir. Les Ecureuils ont joué avec le cœur ; et même s’ils ont eu conscience de ne pas avoir les mêmes talents individuels que le Sénégal, ils ont tenu leur position en défense, s’offrant quelques coups francs dangereux. « Les Ecureuils nous ont surpris tout au long de cette CAN, ils ont même passé le premier tour, ce qui n’était jamais arrivé depuis l’indépendance [en 1960] pour atteindre les quarts, se réjouit Anatole Dalmeida, un fan qui s’occupe d’un club au pays. L’objectif a été largement dépassé, le reste, ce n’était que du bonus. »

En quatre participations à la CAN, le Bénin n’a toujours pas gagné le moindre match… « Nous sommes venus en Egypte pour titiller les grands pays qui font la pluie et le beau temps dans le foot africain. Maintenant, nous allons défier toutes les équipes africaines », promet sans ciller Justin Alapini, 50 ans. Comme lui, les Béninois ont cru en leurs joueurs : en quatre-vingt-dix minutes, la fanfare enivrante des supporteurs ne s’est pas tue une seule seconde et même après le coup de sifflet final, malgré une chaleur écrasante. Une mélodie qui a mis de l’ambiance dans ce stade de 30 000 places tristement vide, occupé par un petit millier de supporteurs.

« Si le vaudou marchait, pourquoi on n’a pas remporté de CAN avant ? »

Nathalie Tchétinnié a fait le déplacement depuis Evreux en Normandie, car, comme elle dit, son « origine » était sur le terrain. « Quand le sang nous appelle, il faut répondre présent », ajoute-t-elle. Après les Lions indomptables (Cameroun, 0-0), les Lions de l’Atlas (Maroc, victoire aux tirs au but), elle a voulu que son équipe « mange une nouvelle fois du Lion ». Le destin en a voulu autrement. Moussa Brahim Touré, 20 ans, étudiant au Caire, aurait tellement voulu que les Ecureils ramènent « la Coupe dans [s]on beau pays » et « remercie Dieu » pour ce parcours.

Car, au Bénin, la croyance est omniprésente et certains supporteurs n’ont pas hésité à expliquer à des suiveurs de la CAN que la réussite de la sélection nationale était due à la magie vaudoue. « Mais c’était pour faire peur aux adversaires », souligne en riant Anatole Dalmeida. « C’est un mensonge : leur réussite, ils la doivent aux performances », insiste le jeune étudiant. « Si le vaudou marchait, pourquoi on n’a pas remporté de CAN avant ? Et pourquoi aucune équipe africaine n’a su prendre une Coupe du monde, argue Justin Alapini. Le vaudou ne joue pas au foot. » Le Sénégal rencontrera le vainqueur du match Madagascar-Tunisie, qui se joue jeudi 11 juillet à 21 heures. Encore une « petite » équipe face à un grand d’Afrique.