Devant la prison de La Santé à Paris, en avril. / Francois Mori / AP

Des locaux « indignes » ; un parc automobile « vieillissant » ; un « sentiment d’abandon » qui génère de la « frustration »... Une commission d’enquête dénonce la situation « dégradée » des forces de l’ordre, dans un rapport révélé mardi 9 juillet par Le Figaro et consulté par l’Agence France-Presse.

La dégradation des conditions de travail des policiers et gendarmes a été « maintes fois analysée et dénoncée », soulignent en préambule les deux auteurs de l’étude, les députés Christophe Naegelen (UDI-Agir) et Jean-Michel Fauvergue (La République en marche, LRM), ancien patron du RAID, l’unité d’élite de la police nationale.

Leur commission a été constituée début février, en plein mouvement des « gilets jaunes », qui a mobilisé au plus fort de la crise de nombreux effectifs plusieurs week-ends consécutifs pour assurer les opérations de maintien de l’ordre.

13 735 gendarmes, policiers et réservistes

Outre les traditionnelles auditions, dont celle du ministre de l’intérieur Christophe Castaner, M. Naegelen a lancé en juin une consultation à laquelle ont répondu 13 735 gendarmes, policiers nationaux et municipaux, et réservistes.

60% des gendarmes ont ainsi déclaré ne pas être satisfaits de l’état de leur logement. « Nombreux parmi les femmes et les hommes qui servent dans la police ou la gendarmerie travaillent dans des conditions déplorables, générées notamment par la vétusté des bâtiments », dénonce M. Fauvergue.

Selon une étude de 2017, citée dans le rapport, la Direction générale de la police nationale comptabilisait 22 % d’immeubles vétustes et 28 % pour la préfecture de police. La situation n’est pas plus enviable pour les casernes domaniales de la gendarmerie, dont 80 % ont plus de 50 ans.

Persistance des « tâches indues »

Le rapport fait également état d’un parc automobile « vieillissant ». Ainsi, l’âge moyen des véhicules de police est passé de 5,5 à 7,4 ans entre 2012 et 2018. Les véhicules blindés à roues (VBRG) de la gendarmerie mobile, régulièrement positionnés autour de l’Arc de Triomphe pendant les manifestations de « gilets jaunes », ont eux 45 ans en moyenne.

La gestion des ressources humaines chez les policiers est qualifiée de « coûteuse et source de frustrations », avec une « accumulation exponentielle du nombre d’heures supplémentaires » : plus de 123 millions, soit 164 heures par agent, représentant 272,1 millions d’euros, selon un rapport sénatorial de juillet 2018.

Enfin, le compte-rendu épingle, sans surprise, la persistance des « tâches indues », comme la gestion des procurations électorales, évaluées à 8,7 % de l’activité des policiers en 2018 (contre 9 % en 2017) et « l’alourdissement de la charge procédurale » avec une durée moyenne de 28 heures pour rédiger une procédure. « La multiplication de tâches administratives toujours plus chronophages et complexes » nourrit la « frustration » des forces de sécurité, selon M. Fauvergue.