Francois de Rugy lors d’une visite à Niort, le 11 juillet 2019. / GEORGES GOBET / AFP

Neuf mois après le début du mouvement des « gilets jaunes », et alors que le gouvernement veut resserrer le budget, ce sont des révélations qui passent mal. Depuis mercredi 10 juillet, l’actuel ministre de l’écologie est au cœur de deux affaires révélées par Mediapart, l’une concernant son temps passé à la présidence de l’Assemblée nationale, l’autre concernant son poste ministériel. Sa directrice de cabinet, Nicole Klein, a également été touchée par les révélations du site d’information, ayant occupé un logement social à Paris pendant plus de douze ans alors qu’elle n’habitait plus à la capitale.

Le point sur les affaires touchant le ministre de l’écologie.

  • Les luxueux dîners au frais de l’Assemblée nationale

D’après l’enquête publiée par le site d’information mercredi 10 juillet, François de Rugy a organisé, entre octobre 2017 et juin 2018, au moins une dizaine de dîners lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale, sans lien apparent avec ses fonctions.

Sur la table des salons de l’hôtel de Lassay, résidence de la présidence, ont été servis des homards géants, du champagne et des vins de la cave de l’Assemblée – du Château Cheval-Blanc 2001 estimé à 550 euros la bouteille ou du Château d’Yquem 1999, estimé à 265 euros. Les convives, eux, appartenaient au cercle familial et au cercle amical des époux de Rugy. A Mediapart, M. de Rugy avait également indiqué qu’il s’agissait de « dîners informels liés à l’exercice de [ses] fonctions avec des personnalités issues de la société civile » pour « répondre à l’exigence de représentation liée à [sa] fonction ».

La polémique autour de ces dîners luxueux fait des vagues au sein même du parti présidentiel. Sous couvert d’anonymat, un cadre de La République en marche (LRM) déplore « l’effet dévastateur » des révélations de Mediapart dans l’opinion publique.

« C’est scandaleux, cette histoire. C’est précisément ce que nous ont reproché les “gilets jaunes” ! Cela risque d’accréditer l’idée que les ministres sont pleins aux as et se gavent en profitant de l’argent public. Symboliquement, c’est très lourd », juge ce responsable national de la formation macroniste, en ne cachant pas sa colère contre « une vraie connerie ». De son côté, la députée et ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho estime que « sa démission s’impose ».

  • La coûteuse rénovation de son logement de fonction

Jeudi 11 juillet au matin, le site d’information a également révélé que le ministre avait fait réaliser plus de 63 000 euros de travaux, payés par le contribuable, dans les appartements privés du ministère de l’écologie. Parmi ces travaux figurait l’installation d’un dressing à près de 17 000 euros.

Sur Facebook, le ministre s’est défendu en indiquant que « les services en charge de la gestion des bâtiments du ministère ont fait le constat partagé de la nécessité d’effectuer des travaux de rénovation dans l’appartement de fonction du ministère, qualifié, je cite, de “vétuste” ». Le montant des travaux serait lié « au caractère très particulier des lieux », puisque « l’hôtel de Roquelaure, comme d’autres ministères, est un élément du patrimoine français, construit au début du XVIIIe siècle ».

  • Le logement social occupé par sa directrice de cabinet, absente de Paris pendant douze ans

Mercredi 10 juillet, c’était au tour de Nicole Klein d’être touchée à son tour par des révélations de Mediapart.

La haut fonctionnaire, qui dirige le cabinet de François de Rugy depuis octobre 2018, est locataire d’un logement social à Paris depuis 2001, affirme le site d’information. « Entre 2006 et 2018, elle a continué à profiter de ce bien, alors qu’elle travaillait hors de la capitale, privant ainsi d’une possibilité de logement l’un des quelque 200 000 demandeurs de logements sociaux à Paris, qui patientent de très nombreuses années avant d’obtenir un appartement », relève Mediapart.

Mercredi soir, Mme Klein a annoncé à Ouest-France son départ « à la demande du ministre », indiquant que ce n’était pas son souhait. « C’est François de Rugy qui souhaite expressément que je parte », a-t-elle expliqué au quotidien régional.

Dans l’entourage du ministre, on a confirmé que M. de Rugy avait mis fin aux fonctions de sa collaboratrice, tout en saluant « l’engagement et la droiture au service de l’Etat dont elle a fait preuve au cours sa longue carrière de haut fonctionnaire ».