La voie s’élargit pour la candidature de Christian Jacob à la présidence du parti Les Républicains (LR), avec l’annonce mercredi dans Le Parisien du ralliement du député perçu comme son plus sérieux challenger, Guillaume Peltier, qui renonce à se porter candidat après avoir entretenu le suspense pendant plusieurs semaines. « J’ai fait le choix de l’unité, dit le député du Loir-et-Cher. J’ai acquis la conviction que nous serons plus forts ensemble, avec Christian Jacob, pour garantir le redressement de notre famille. »

Le vice-président du parti joue l’apaisement après avoir multiplié ces derniers temps les propositions percutantes : hausse générale des salaires, création d’un tribunal climatique international pour faire respecter l’accord de Paris, renforcement de la loi de 1905 sur la laïcité, « plan Marshall » avec le continent africain pour endiguer l’immigration ou encore réconciliation des territoires avec Paris.

« Ses propos des dernières semaines ont été à sens et contresens, estime le député de la Manche Philippe Gosselin. Je goûte peu, comme nombre de mes collègues, ces virages à 180 degrés. Ça sent l’opportunisme. » A ses détracteurs, l’intéressé, qui occupe déjà la place la plus haute avant la présidence dans l’organigramme de LR, rétorque : « Les bonnes âmes qui ont vite fait de me juger verront par la preuve combien je suis capable de jouer l’unité et l’esprit collectif. »

« Erreur de jeunesse »

Au programme, une campagne « apaisée » au côté de Christian Jacob, les élections municipales, puis, au printemps 2020 un « congrès des idées » pour enclencher une « révolution idéologique » et ouvrir les portes du parti, y compris à des absents comme Xavier Bertrand, décrit-il.

Le cofondateur de la « Droite forte » en 2012 avec Geoffroy Didier, un label repris à Nicolas Sarkozy qui a eu un fort écho auprès des militants LR jusqu’à sa dissolution l’an dernier, aime à souligner sa popularité aux racines du parti. « Je suis très rassembleur sur la base, populaire auprès des militants, des ouvriers, des jeunes et des petits patrons, dans les provinces, et un peu moins dans le microcosme, c’est ce qui fait ma marque de fabrique », dit-il. « Etre inclassable c’est une vraie fierté », poursuit-il, citant pêle-mêle Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand et Jean-Louis Borloo comme parrains, Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg comme inspiration politique.

« J’assume, lance-t-il à ceux qui le disent marqué au fer rouge par son engagement de jeunesse au Front national de la jeunesse. C’est une erreur, mais qui n’en commet pas à vingt ans ? » Compagnon de Philippe de Villiers au Mouvement pour la France dans les années 2000 avant de devenir l’un des porte-parole de Nicolas Sarkozy pour la campagne présidentielle de 2012, le Parisien de naissance assure que ses écarts font de lui le meilleur interlocuteur des électeurs perdus de la droite tentés par le Rassemblement national. « J’ai connu cette impasse, je pense que je suis bien placé pour expliquer à ceux qui seraient tentés aujourd’hui que cette impasse est une véritable impasse. »

D’impasses en virages, de cabinet en équipe de campagne, de la mairie de Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher) au Palais-Bourbon, le défenseur autoproclamé des « milieux de cordée » oblige ses pairs du groupe LR à l’Assemblée à composer avec son ambition. Christian Jacob a pour l’heure réussi à refréner son impatience, au prix de plusieurs entrevues dans lesquelles ont sans doute figuré des gages pour l’avenir, l’assurance d’être un acteur central dans la nouvelle direction.

Y aurait-il une raison plus officieuse à ce choix ? Le député ne s’en cache pas : il n’a pas beaucoup apprécié que le patron par intérim du parti, Jean Léonetti, demande aux candidats à la succession de Laurent Wauquiez de s’engager à ne pas participer à la prochaine élection présidentielle. Ayant décidé de passer son tour, Guillaume Peltier se trouve maintenant un peu plus libre pour 2022…