Le procureur de Reims, Matthieu Bourrette, pendant sa conférence jeudi 11 juillet. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP

La mort de Vincent Lambert est-elle advenue dans un cadre légal ? Matthieu Bourrette, le procureur de Reims, a annoncé jeudi 11 juillet avoir ouvert une enquête en « recherche des causes de la mort » après le décès de Vincent Lambert le matin même, à l’âge de 42 ans.

« Le 11 juillet 2019 peu après 8 h 30, j’ai été avisé par le centre hospitalier universitaire de Reims du décès de Vincent Lambert, (…) j’ai immédiatement décidé de l’ouverture d’une enquête en recherche des causes de la mort », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, précisant qu’il avait saisi le service régional de la police judiciaire de Reims.

Dans le cadre de cette enquête, une autopsie sera réalisée à Paris, afin de vérifier que l’arrêt des traitements, débuté le 2 juillet, a respecté la loi. Cette procédure permettra d’éviter « tout débat sur la qualité des actes pratiqués », mais personne ne « soupçonne a priori l’existence d’une infraction pénale », a précisé M. Bourrette.

Cette autopsie sera menée par deux médecins légistes experts dès vendredi matin pour que le corps « puisse être restitué le plus rapidement possible » à l’épouse et tutrice de Vincent Lambert, Rachel, a déclaré Matthieu Bourrette lors d’une conférence de presse.

Le choix du procureur de Reims a été motivé par le « contexte tout particulier de ce décès après des années de recours judiciaires et [le] conflit ouvert qui existe depuis plusieurs années entre les membres de la famille ». Il estime « indispensable » de « fournir à tous les membres de la famille (…) les éléments médicaux et judiciaires leur permettant de connaître les causes exactes de la mort ».

Les parents dénoncent un « crime d’Etat »

Cette procédure a lieu alors que les parents du défunt, opposés à l’arrêt des traitements et en guerre judiciaire depuis des années pour son maintien en vie, ont dénoncé un « crime d’Etat ».

« Vincent est mort, tué par raison d’Etat et par un médecin qui a renoncé à son serment d’Hippocrate. (…) L’heure est au deuil et au recueillement. Il est aussi à la méditation de ce crime d’Etat », ont écrit les avocats de Pierre et Viviane Lambert dans un communiqué.

Proches des catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie-X, les parents de Vincent Lambert n’ont jamais accepté l’arrêt des traitements. Contrairement à l’épouse, le neveu et cinq des frères et sœurs du défunt, ils ont toujours estimé que leur fils était un « homme handicapé » et rejeté l’aspect irréversible de son état végétatif, avancé par les médecins.

Dans leur communiqué, ils réitèrent leur position estimant que leur fils a été « condamné parce que handicapé » et que « cette faute ignoble ébranle les fondements de notre droit et de notre civilisation » et « rejaillit sur nous tous ». Les parents de Vincent Lambert avaient épuisé tous les recours juridiques après l’autorisation de l’arrêt des traitements donnée par la Cour de cassation.

De son côté, Rachel Lambert, l’épouse du défunt a fait savoir qu’elle était « abattue » par « des années de procédure » par l’intermédiaire de son avocate Sara Nourdin. « Malheureusement, ce matin, on ne peut pas encore parler de soulagement, mais j’espère qu’elle va trouver un peu de paix à présent », a déclaré la magistrate.

En attendant, les résultats de l’enquête « ne seront vraisemblablement pas connus avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois », a précisé le procureur de Reims.

Comprendre l’affaire Vincent Lambert et ses multiples rebondissements
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