Le conte de fées de Madagascar s’est arrêté en quarts. La Tunisie a battu les surprenants Zébus (3-0), jeudi 11 juillet au Caire, pour aller dans le dernier carré de la CAN pour la première fois depuis 2004.

Ne gagner aucun match de poule, passer les huitièmes de finale aux tirs au but, être apathique pendant quarante-cinq minutes face aux modestes Malgaches : les Aigles de Carthage n’ont rien survolé depuis le début du tournoi, mais les voilà en demi-finale, face au Sénégal, dimanche.

Leur parcours tortueux contraste avec la portée historique de leur exploit : jusque-là, les Tunisiens avaient buté cinq fois en quarts en quinze ans, depuis l’année de leur unique titre, remporté à domicile. Ce succès brise la malédiction et met en route la machine à rêves.

« C’est un grand soulagement, car c’était notre premier objectif. Ça faisait longtemps. Aujourd’hui, on écrit un peu l’histoire de la Tunisie », a réagi Naïm Sliti.

L’équipe d’Alain Giresse a réussi sa meilleure période en Egypte au retour des vestiaires, concrétisée par des buts de Ferjani Sassi (52), Youssef Msakni (60) et du Dijonnais Naïm Sliti (92). Une simple réaction d’orgueil, ou une vraie montée en puissance ?

Ses supporteurs, peu nombreux au stade Al-Salam, le seront face au Sénégal, un adversaire difficile pour la Tunisie qui a affiché le moins de certitudes dans le jeu des quatre demi-finalistes.

Face aux Zébus, les Tunisiens ont montré beaucoup de maladresse lors des quarante-cinq premières minutes, semblant dépendre d’exploits individuels de Wahbi Khazri ou du capitaine Youssef Msakni pour débloquer la situation.

« On n’a pas volé notre qualification »

Mais la suite a été plus prometteuse : bien en place, ils ont profité de la baisse de régime physique de leurs adversaires pour planter leurs serres. Surtout, les trois buts marqués ont redonné confiance à des attaquants jusque-là critiqués.

Le coach des Zébus, Nicolas Dupuis, a surtout retenu « l’organisation tactique » des Aigles de Carthage. « On n’était pas habitués à ces organisations-là, à ce talent collectif », reconnaît le Français.

« On n’a pas volé notre qualification. Elle est méritée, insiste Giresse. Maintenant, on veut aller le plus loin possible », poursuit-il, alors que s’avance le Sénégal qu’il avait coaché durant la CAN 2015.

C’est un coup du sort qui les a lancés sur la voie des demi-finales : une frappe de Sassi déviée par le défenseur Thomas Fontaine, impuissant. Sur le second but, Msakni suit bien une frappe de Khazri mal repoussée par le gardien des Zébus, Melvin Adrien, pour clore l’affaire.

Ces deux actions résument bien la rencontre de Madagascar, que la réussite aura fui cette fois-ci. Deux avions de supporteurs venus spécialement d’Antananarivo n’ont pas suffi, ni un bel état d’esprit : les Malgaches, qui découvraient la compétition, n’ont pas enchaîné un nouvel exploit après avoir battu le Nigeria 2-0, puis la RDC en huitièmes 4-2 aux tirs aux but.

Trop brouillonne, et émoussée physiquement, l’équipe de Nicolas Dupuis n’a pas été capable de porter le danger sur le but de Mouez Hassen. Mais le Petit Poucet peut quitter l’Egypte la tête haute. « Je tire un coup de chapeau énorme à mes joueurs. Aujourd’hui, la marche était trop haute », reconnaît Dupuis.

Le Dijonnais Naïm Sliti a célébré le troisième but, à la conclusion d’un contre, d’un geste signifiant la fin des espoirs malgaches. Pour les Tunisiens, ça ne fait que commencer.