« C’est notre responsabilité de rendre ce monde meilleur », a lancé Megan Rapinoe à la fin de son discours, sur les marches de l’hôtel de ville de New York, mercredi 10 juillet 2019. / JOHANNES EISELE / AFP

Elle est toujours en pointe. Milieu offensif, c’est le poste sur le terrain de Megan Rapinoe, co-capitaine et star de la sélection américaine de football féminin, qui a gagné avec elle sa quatrième Coupe du monde, dimanche 7 juillet. Mais cette année, la n°15 de Seattle s’est aussi imposée comme porte-parole des droits des femmes et de la communauté LGBT et comme soutien des minorités. Autant dire que dans l’Amérique profondément divisée de Donald Trump, elle agace certains.

Au point que des affiches à son effigie, disposées par Nike, son sponsor, ont été vandalisées à New York par des slogans à caractère homophobes dans la station de métro de Bryant Park, au cœur de Manhattan. Jeudi 11 juillet, la police de New York (le NYPD) a annoncé qu’elle enquêtait sur ces faits qualifiés de « crime de haine ». Il faut dire qu’aujourd’hui aux Etats-Unis, on ne se cache plus pour dessiner des svastikas ou pour brûler des drapeaux arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT. Ces crimes haineux ont augmenté de 64 % cette année, rapportait le New York Times, début juin, statistiques du NYPD à l’appui.

Mercredi, New York avait honoré Megan Rapinoe et ses coéquipières. Parmi les dizaines de milliers de personnes qui assistaient au défilé de l’équipe dans le « Canyon of Heroes », entre la pointe de Manhattan et l’hôtel de ville, on a pu voir une pancarte « Rapinoe 2020 », comme pour encourager la joueuse à se présenter à l’élection présidentielle américaine, qui aura lieu l’an prochain.

Un discours rassembleur

Consciente que l’impact de son équipe va au-delà de ses réalisations sur le terrain, Megan Rapinoe avait prononcé un discours rassembleur, plein d’allant et presque politique, sur les marches de l’hôtel de ville de New York.

« On a les cheveux roses et violets, on a des tatouages, des dreadlocks. On a des filles blanches, des filles noires et tout ce qu’il y a entre les deux. Des filles hétéros, des filles gay. C’est un honneur absolu d’avoir été co-capitaine cette équipe sur le terrain. Je n’aimerais être nulle part ailleurs, pas même dans la course à la présidence. »

Elle a poursuivi :

« Il y a eu tellement de controverses au cours des dernières années. J’en ai été la cible, j’en ai été à l’origine. […] Mais il est temps de se rassembler. […] Nous devons nous améliorer. Nous devons aimer plus, haïr moins. […] C’est notre responsabilité de rendre ce monde meilleur. »

On était loin de sa diatribe de mardi sur CNN, lorsqu’elle avait affirmé que ni elle ni ses coéquipières n’accepteraient probablement une invitation à la Maison Blanche après leur sacre. « Je n’irai pas, avait-elle lancé lors de cette interview. Et je crois que toutes les membres de l’équipe à qui j’ai parlé explicitement de cela n’iraient pas. »

Elle a toutefois expliqué qu’elle était prête à parler de tous les sujets avec les membres du Congrès – droits des femmes, de la communauté LGBT, soutien des minorités –, puis, face caméra, s’adressant directement au président, elle a lancé :

« Votre message exclut les gens. Vous m’excluez. Vous excluez les gens qui me ressemblent. Vous excluez les gens de couleur. Vous excluez… des Américains qui vous soutiennent peut-être ! […] Lorsque vous dites qu’il faut rendre sa grandeur à l’Amérique, vous vous référez à une époque qui n’était pas grande pour tout le monde. »