Arte - Dimanche 14 juillet - 17 H 35. Documentaire

Violence et corruption sont trop souvent les premiers mots qui viennent à l’esprit pour évoquer le Mexique. Le taux d’homicide annuel, 21 pour 100 000 habitants, y est en effet l’un des plus élevés au monde, selon les chiffres des Nations unies. Mais le « Mexique est aussi un grand réservoir de créativité et de résistance dont les photographes sont autant les témoins que les acteurs », font valoir les réalisateurs de ce nouveau numéro de la série documentaire « Dans l’objectif », proposée par Arte.

Le principe ? « Découvrir et comprendre, de l’intérieur, les secrets d’un pays en pleine mutation », expliquent ses producteurs, comme en écho au travail de la photographe mexicaine Graciela Iturbide. « Je dis toujours que mon appareil photo a été un prétexte pour connaître la culture de mon pays », répète celle qui influence la photographie latino-américaine depuis plusieurs décennies.

Le voyage commence dans le nord-ouest du pays, à Tijuana, avec le photojournaliste Francisco Mata Rosas et son projet « La Linea » sur la frontière, qu’il appelle « la cicatrice », avec les Etats-Unis. Escale ensuite à Ciudad Juarez, auprès de Mayra Martell, qui a risqué sa peau pour documenter la disparition et l’assassinat de centaines de femmes dans les années 2000. Un petit crochet par San Pedro Garza Garcia, banlieue chic de la ville industrielle de Monterrey, le temps de poser un regard sur la façon dont se met en scène l’élite économique mexicaine avec la photographe Yvonne Venegas.

Attraction des Etats-Unis

Nous arrivons déjà à l’aire urbaine de Mexico et ses vingt millions d’habitants. Federico Gama y photographie une jeunesse éparpillée entre exclusion, contre-culture identitaire et religion. Puis ce sont les paysages de l’Etat d’Oaxaca qui défilent. Edgardo Aragon rend compte des violences « générées par l’installation de grandes entreprises nationales ou multinationales sur ses terres ». Enfin, au Chiapas, le travail de Pedro Valtierra ranime la mémoire du massacre d’Acteal, perpétré en 1997 en représailles au soulèvement zapatiste et resté impuni.

Au fil des projets photographiques se dessine le portrait d’un pays sur lequel les Etats-Unis continuent d’exercer une forte attraction : l’élite se conforme au goût étatsunien, tandis que les plus pauvres rêvent d’une vie meilleure de l’autre côté de la frontière. Un film qui rappelle à quel point la photographie reste un art puissant pour éclairer les zones d’ombre d’une société.

Le Mexique dans l’objectif, Angeles Alonso Espinosa et Benjamin Lalande, France, 2018, 52 minutes, arte.tv.