Dans le centre de la capitale burkinabée Ouagadougou, en mars 2019. / OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Onze personnes détenues en garde à vue sont décédées dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 juillet dans les locaux de l’unité antidrogue de Ouagadougou, a annoncé la procureure du Burkina Faso, Maiza Sérémé. « Le procureur du [Burkina] Faso près le tribunal de grande instance de Ouagadougou a été informé, ce jour 15 juillet 2019, par la directrice de la police judiciaire de la police nationale de ce que onze personnes gardées à vue à l’unité antidrogue (UAD) pour des infractions relatives à la législation des stupéfiants sont décédées dans la nuit du 14 au 15 juillet 2019 », a écrit Mme Sérémé dans un communiqué.

Les raisons des décès encore inconnues

Une « enquête a été ouverte », a indiqué la procureure qui s’est rendue sur les lieux accompagnée de ses substituts et de membres des services techniques. « Des médecins légistes ont été requis » pour procéder à des examens et aux autopsies nécessaires pour déterminer les raisons des décès qui sont encore inconnues, a-t-elle souligné.

« Les personnes décédées ont été interpellées vendredi dernier dans le cadre d’une enquête sur un trafic et la consommation de drogues, et ont été mises en garde à vue dans les locaux de l’unité anti-drogue de la police judiciaire », rapporte au Monde Afrique la commissaire Minata Traoré, porte-parole de la police nationale. « Nous devrions en savoir plus à la fin des autopsies, mais nous prenons l’affaire très au sérieux, les faits sont graves », assure-t-elle.

« On attend de voir si ces individus ont ingéré ou non de la drogue ou d’autres substances », analyse prudemment une source sécuritaire, relevant déjà plusieurs cas de « bavures isolées » lors d’opérations anti-drogue ces dernières années. La société civile a par le passé souvent dénoncé les violences des forces de sécurité.

Le Burkina Faso, pays pauvre, est une des plaques tournantes du trafic de drogue vers l’Europe. La drogue arrive au Burkina Faso en provenance des ports d’Afrique de l’Ouest et prend ensuite la direction du nord vers le désert malien et libyen, selon une source sécuritaire. En juin, les autorités ont procédé à l’incinération de 35 300 tonnes de drogue, représentant le quart des saisies de l’année 2018, selon le secrétariat permanent du comité national de lutte contre la drogue.