Un tag réclamant « justice » et un avis de recherche liés à la disparition de Steve Canico, à Nantes, lors d’une opération policière le 21 juin. / LOIC VENANCE / AFP

Un mois après la disparition de Steve, un jeune homme tombé dans la Loire lors d’une intervention policière visant à disperser une soirée techno, organisée à Nantes lors de la Fête de la musique, deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes, a annoncé mardi 16 juillet le parquet. Lors de cette opération de maintien de l’ordre, quatorze personnes étaient tombées dans la Loire.

« J’ai reçu dix plaintes de policiers qui ont été blessés lors des événements de la Fête de la musique et qui ont déposé plainte pour des violences sur personne dépositaire de l’autorité publique », a déclaré à l’AFP Pierre Sennès, le procureur de la République à Nantes. « Ces plaintes ont été adressées pour enquête à la police judiciaire », a-t-il ajouté.

Dans la nuit du 21 au 22 juin, vers 4 h 30, des échauffourées avaient éclaté entre participants et policiers, venus exiger l’arrêt de la musique sur l’île de Nantes, près d’un quai sans parapet en bord de Loire. Une vingtaine de policiers avaient été pris pour cible de jets de projectiles, selon le chef adjoint de la direction départementale de la sécurité publique, qui avait autorité sur le service d’ordre cette nuit-là.

Aux yeux de Thierry Palermo, il s’agissait d’une « riposte qui s’inscrit dans le cadre de la loi », alors que cinq fonctionnaires avaient été blessés, dont l’un « roué de coups à terre ». De nombreux participants ont au contraire dénoncé une intervention disproportionnée, affirmant avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène et, pris de panique, chuté dans le fleuve du haut du quai. Quatorze personnes avaient été repêchées dans la Loire par les secours durant la nuit.

Les procédures se multiplient

Une plainte collective émanant de 85 participants a été déposée le 3 juillet au parquet « pour mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique ». « J’ai saisi l’IGPN [l’inspection générale de la police nationale] pour procéder à l’enquête suite à la plainte collective », a déclaré M. Sennès, précisant qu’il s’agissait d’une saisine « dans un cadre judiciaire ».

Depuis cette nuit-là, Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans qui participait à la fête, n’a plus donné signe de vie. Sa disparition fait l’objet d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction et les recherches dans la Loire se poursuivent.

Dans cette affaire où les procédures se multiplient, deux autres enquêtes sont en cours : l’une, administrative cette fois, de l’IGPN, l’autre du Défenseur des droits, pour éclaircir les circonstances de cette intervention controversée.