Chargement d’un train à la plate-forme Saint-Charles international de Perpignan, le 14 mai. / RAYMOND ROIG / AFP

Il circulait à vide depuis lundi : le train de fret transportant des primeurs de Perpignan jusqu’au marché de Rungis a été suspendu mercredi 17 juillet. Il doit reprendre le 1er novembre, une fois la basse saison passée. Mais pour les défenseurs de cette liaison menacée, c’est une « mise à mort qui se prépare » au profit de « 25 000 camions sur les routes ».

La possible disparition de cette ligne reliant la plate-forme Saint-Charles international de Perpignan – premier centre de commercialisation, de transports et logistique de fruits et légumes en Europe – et le marché de Rungis avait suscité depuis le printemps de nombreuses critiques, notamment à gauche et chez les écologistes.

La suspension temporaire de la ligne ferroviaire a été actée mercredi lors d’une réunion du comité de pilotage ministériel à la préfecture des Pyrénées-Orientales. Elle intervient le jour de la passation de pouvoirs au ministère de la transition écologique entre François de Rugy et Elisabeth Borne, qui conserve son portefeuille des transports.

Wagons vétustes

« La liaison à vide, comme elle est réalisée depuis trois jours, n’est pas acceptable », a souligné Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région Occitanie chargé des transports et qui a participé à cette rencontre.

« A partir du 1er novembre, va recommencer une liaison entre Saint-Charles et Rungis, telle qu’elle était, mais de manière transitoire, le temps de trouver une solution pérenne. Un nouveau comité de pilotage aura lieu le 11 septembre, il sera ouvert à la grande distribution et à la filière bio. D’ici là, il y aura deux réunions techniques pour travailler sur des problématiques comme la vétusté des wagons et leur remplacement. »

Les wagons frigorifiques sont, selon la SNCF, en bout de course. « Aujourd’hui, une étape a été franchie, celle de confirmer qu’il est légitime et utile que cette liaison ferroviaire se poursuive. Cela a été une réunion productive », a encore affirmé M. Gibelin.

La liaison ferroviaire « a maintenant un avenir »

« La liaison ferroviaire entre Perpignan et Rungis a maintenant un avenir », a assuré la ministre Elisabeth Borne, dans une déclaration à l’Agence France-presse.

« Le gouvernement ne pouvait pas se résoudre à ce que les marchandises du Perpignan-Rungis passent du rail à la route. (…) Si je ne m’étais pas mobilisée, ce train serait arrêté depuis fin juin. Alors que nous venons d’entrer dans la saison basse où peu de marchandises nécessitent d’être transportées, la réunion (…) a permis d’obtenir l’engagement des clients à reprendre une solution ferroviaire transitoire dès la reprise de la saison haute, au 1er novembre. »

Jusqu’au 15 juillet, de nombreux fruits et légumes en provenance du Maroc et d’Espagne, qui bénéficient d’un ensoleillement plus important et plus précoce qu’en France, transitent par Perpignan. Après cette date, la production française prend le relais. « Dès la réunion du 17 mai au ministère (…), la SNCF s’était engagée à [maintenir] ce train jusqu’à la fin de la saison haute et avait proposé qu’il soit prolongé jusqu’à la fin de l’année, le temps qu’il y ait une solution ferroviaire pérenne qui prenne le relais », a ajouté la ministre.

La ministre « acte le transfert de 25 000 camions sur les routes »

Mais cet optimisme gouvernemental est loin d’être partagé par l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot qui, dans une interview à Ouest France, accuse Elisabeth Borne de « cynisme » dans ce dossier :

« Quand, ministre des transports, [Mme Borne] fait semblant de défendre le train des primeurs entre Perpignan et Rungis, le faisant circuler à vide parce qu’elle refuse d’investir dans des wagons frigorifiques, tout en organisant avec la SNCF le transport des marchandises par 25 000 camions par an, c’est d’un cynisme absolu ! »

Et pour Thomas Portes, animateur du collectif Sauvons le Perpignan-Rungis, « c’est une mise à mort que prononce la nouvelle ministre de l’écologie ! Elle acte le transfert de 25 000 camions sur les routes ! » « Depuis le début, nous avions raison », a affirmé sur Twitter ce syndicaliste de la CGT-Cheminots et responsable national des cheminots au PCF. Selon lui, « Il y a l’écologie des mots et l’écologie des actes ».