Lionel Jospin, Rachid Temal, François Hollande, Patrick Kanner, à Paris, le 17 juillet. / THOMAS SAMSON / AFP

Il y a ceux qui s’engouffrent sous la porte cochère sans un mot et ceux qui s’attardent tout sourire, attendant les micros. D’autres qui arrivent en retard à cause du vote sur le CETA en cours à l’Assemblée ou en coup de vent « pour boire un coup ». Tous sont visiblement ravis de se revoir après des mois d’éloignement depuis l’élection présidentielle de 2017.

La famille socialiste se retrouvait, mercredi 17 juillet, autour d’un pot de fin de session au Sénat. Une occasion de s’afficher « toujours vivants ». Mais aussi pour certains de relancer l’hypothèse Cazeneuve.

Pas moins de 150 personnes rassemblées dans les salons et jardins de la questure avec « des figures qui ont compté et des figures qui comptent », glissait Patrick Kanner, aux anges. François Hollande, les anciens premiers ministres Lionel Jospin, Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, les anciens et actuel premiers secrétaires Martine Aubry, Jean-Christophe Cambadelis, Rachid Temal et Olivier Faure entourés de l’ensemble des parlementaires… tous les ténors étaient là pour ce beau tableau d’unité.

L’objectif était de montrer que la gauche n’est pas morte face à un pouvoir qui cherche à l’enterrer, répétaient-ils en chœur. Les municipales seront l’occasion de montrer que les socialistes sont encore implantés et en capacité de gagner des villes. C’est donc le moment de réaffirmer les valeurs de gauche, de rappeler l’histoire du socialisme et ses conquêtes, ajoutaient les uns et les autres.

« Retour » de Cazeneuve

Chacun y est allé de son souvenir et de son conseil. François Hollande a fait un discours où il a vanté les « conquêtes » de la gauche, rappelé son bilan et affirmé son credo que « la social-démocratie est la première force politique de la gauche ».

Lionel Jospin et François Hollande, à Paris, le 17 juillet. / THOMAS SAMSON / AFP

Olivier Faure a affiché sa « fidélité à l’histoire du PS », atténuant ses propos critiques sur le bilan du dernier quinquennat. Il fallait bien montrer un parti uni après une campagne européenne où des désaccords se sont un peu trop étalés au grand jour.

« Nous arrivons dans les étapes de montagne, il est temps de mettre le train en marche en s’appuyant sur ceux qui ont de l’expérience mais aussi en laissant la place à une nouvelle génération », notait Jean-Christophe Cambadélis.

Patrick Kanner et ses amis avaient un autre agenda. Les retrouvailles avaient été concoctées de longue date pour mettre en scène un « retour » de Bernard Cazeneuve comme recours à gauche, « premier étage de la fusée » avant les journées parlementaires de début septembre. Cet homme « a une place particulière dans le cœur des Français », insistait-il.

Valérie Rabault, présidente du groupe à l’Assemblée, s’est elle aussi empressée de louer la « vraie stature » de l’ancien premier ministre et souhaité qu’il se « réaffirme » pour « redevenir cet élément central pour le PS et pour la gauche ». L’intéressé semblait presque s’agacer de ces appels du pied trop voyants : « Il n’en a été question d’aucune manière. On ne fait pas de la politique avec une fusée mais avec des idées », lâchait-il en s’éclipsant.

« On a besoin de changer de génération »

Et puis Martine Aubry est sortie. Une maire de Lille visiblement pas mécontente de s’exprimer. « Ce n’est pas autour de petits fours et d’un verre qu’on reconstruit la gauche. On était contents de se retrouver mais il faut travailler pour le renouveau d’une sociale démocratie qui pose les enjeux climatiques et des conditions de vie », lançait-elle. Manière de dire que l’écologie ne peut rester un supplément d’âme comme trop de caciques semblaient le penser à cette soirée.

Et quand le nom de Cazeneuve lui a été évoqué : « On a besoin de changer de génération. J’ai beaucoup de mal à projeter des intérêts personnels avant les intérêts collectifs. »