Christian Jacob le 26 juin. / ROMAIN LAFABREGUE / AFP

D’anciens locaux de Pôle emploi reconvertis en salle polyvalente, une cinquantaine d’élus locaux et députés Les Républicains (LR), trentenaires pour la plupart : Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) accueillait jeudi 18 juillet une nouvelle initiative de refondation de la droite après le camouflet des élections européennes.

A défaut d’être le premier du genre – le président du Sénat, Gérard Larcher, a entamé son tour de France pour rassembler au-delà du parti en vue des municipales et LR a tenu sa convention sur les valeurs –, ce « comité de renouvellement » se présente comme l’initiative la plus « disruptive », au risque d’être aussi la plus confidentielle. « Vous avez choisi Aulnay-sous-Bois pour son côté populaire. Ce n’est pas un gros mot, c’est un beau mot », s’est félicité le maire de la troisième ville du département, Bruno Beschizza, en introduction de cette réunion qui habille de couleurs sociales la modernisation du logiciel de la droite.

La chèvre et le chou

Au premier rang du groupe des jeunes adoubés par l’état-major de LR, le député du Lot Aurélien Pradié, 33 ans, ménage la chèvre et le chou. « On est ici pour réinterroger des réflexes de pensée, sans exploser ce que nous sommes », dit-il en ouverture de discussions sur l’alimentation, le handicap, le logement, non sans remercier Gérard Larcher et le président du groupe LR à l’Assemblée, Christian Jacob, de leur participation à cette réunion qui ne leur réserve aucune prise de parole formelle.

Autour de la première table, la députée Marine Brenier, le secrétaire général des magasins Biocoop, Vincent Martin, et les deux présidents se font face. « J’ai fait de l’inspection alimentaire dans une vie antérieure, très lointaine », rappelle l’ex-vétérinaire Gérard Larcher, avant de détailler ses pistes de réflexion. Un tour de chauffe avant son déplacement de l’après-midi en Normandie, chez le centriste Hervé Morin.

L’ancien syndicaliste agricole Christian Jacob prend la suite. Le chiraquien est surtout en campagne pour la présidence de LR et n’hésite pas à comparer ses hôtes au groupe de dix jeunes (dont lui) qui a fait triompher la campagne de Jacques Chirac en 1995 : « C’est à peu près les mêmes âges », note-t-il dans les couloirs. « Je suis ravi d’avoir cette équipe de trentenaires, ils apportent une fraîcheur », dit-il avant une mise en garde : « Ce n’est pas parce qu’ils sont jeunes qu’ils auront tout. »

Abandonnant l’alimentation à Gérard Larcher, il rejoint les discussions sur le handicap puis passe au logement. Un « El Patron ! » fuse à son entrée dans la salle. Sans intervenir sur le fond, il met les élus d’accord d’un « c’est le bon sens près de chez soi ! » avant de se prêter au déjeuner à des photos avec quelques cadres locaux.

Après deux heures de discussion, les animateurs tracent des propositions parfois loin de l’ADN de la droite : sortie des produits phytosanitaires d’ici dix ans, gratuité des cantines scolaires, promotion de nouveaux modèles de propriété. « Le disruptif a changé de camp », se félicite Aurélien Pradié, qui promet d’« imposer au moins l’idée que cette génération a quelque chose à dire dans la reconstruction du parti ».