Le premier ministre du Kosovo,  Ramush Haradinaj, a donné une conférence de presse, le 19 juillet. / LAURA HASANI / REUTERS

Ramush Haradinaj, premier ministre du Kosovo, a démissionné vendredi 19 juillet après avoir été convoqué par la justice internationale en tant que suspect.

Ancien commandant de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) pendant le conflit de 1998-1999, M. Haradinaj, 51 ans, a déclaré à la presse :

« J’ai reçu une convocation du tribunal spécial en tant que suspect et je me suis vu offrir la possibilité de m’y rendre en ma qualité de premier ministre ou en tant que simple citoyen. J’ai choisi la deuxième option. »

Il a précisé qu’il serait entendu « la semaine prochaine ». Le Tribunal spécial international, dont la création a été soutenue par l’Union européenne, a été mis en place en 2015 avec pour mission de se charger des crimes présumés commis par l’UCK au Kosovo principalement contre des Serbes, des Roms et contre des opposants albanais à l’UCK pendant et après le conflit de 1998-1999. Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise avait fait plus de 13 000 morts (dont plus de 11 000 Kosovars albanais, 2 000 Serbes et quelques centaines de Roms).

Tensions croissantes avec la Serbie

Ramush Haradinaj a cependant annoncé être à nouveau candidat au poste. « La responsabilité revient désormais au président d’organiser des consultations pour déterminer la date des élections. Je me propose de nouveau au peuple (à ces élections) afin d’obtenir (à nouveau) sa confiance. Je ne suis pas accusé, je vais être interrogé », a-t-il déclaré après une réunion du gouvernement.

La démission de Ramush Haradinaj intervient au moment où les tensions avec la Serbie vont croissant. Belgrade refuse de poursuivre le dialogue avec Pristina, qui se déroule sous l’égide de l’UE, tant que le Kosovo ne lèvera pas les taxes de 100 % sur les produits importés de Serbie, introduites en novembre par le Kosovo.

Ramush Haradinaj a rejeté à plusieurs reprises les appels de la communauté internationale à lever ces taxes qu’il entendait maintenir tant que la Serbie n’aurait pas reconnu l’indépendance de son ancienne province proclamée en 2008. Un accord de normalisation des relations est une nécessité pour les deux pays, qui aspirent à rejoindre l’UE.

Ramush Haradinaj a déjà connu une situation similaire. Son inculpation par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) l’avait conduit à abandonner le poste de premier ministre occupé une centaine de jours en 2004-2005, trois ans avant la proclamation d’indépendance du Kosovo. En 2008 et 2012, le TPIY l’avait acquitté de crimes contre des civils serbes, mais aussi roms et kosovars albanais coupables de s’opposer à l’UCK.

Premières inculpations cette année

Dans une interview cette année à l’Agence France-Presse, Ramush Haradinaj avait déclaré que le Kosovo répondrait à toute demande du tribunal spécial.

A la mi-janvier, ce tribunal a commencé les interrogatoires, à La Haye, de deux autres ex-responsables de l’UCK : Rrustem Mustafa, dit Remi, et Sami Lushtaku.

Les médias au Kosovo rapportent que les premières inculpations devraient probablement être prononcées cette année. Ils spéculaient également sur le fait que Haradinaj puisse figurer parmi les inculpés potentiels, de même que le président Hashim Thaçi et le président du Parlement, Kadri Veseli.