Arrêtés de limitation des usages de l’eau au 19 juillet 2019 (rouge : niveau « crise » ; orange : « alerte renforcée » ; jaune : « alerte » ; gris : « vigilance »).

Conséquence du manque de pluie, de nombreuses régions françaises souffrent de sécheresse, et les agriculteurs s’inquiètent. Selon le site ministériel Propluvia, soixante-dix départements étaient concernés par des restrictions d’eau à divers niveaux (« vigilance », « alerte », « alerte renforcée » et « crise ») vendredi 19 juillet, alors qu’est annoncé, dans les jours à venir, un nouvel épisode de canicule dans l’Hexagone.

Parmi eux, plusieurs départements du centre de la France – tels que le Cher, l’Indre ou la Creuse – et de l’ouest (Vendée, Loire-Atlantique, etc.) sont en niveau « crise » sur une partie de leur territoire. Dans ce cas, l’eau ne peut être prélevée que pour les « usages prioritaires » (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité), mais les prélèvements sont interdits pour le reste, y compris pour l’agriculture.

Les départements de Franche-Comté, les Vosges, la Haute-Marne, ainsi que la Haute-Vienne, la Corrèze, le Puy-de-Dôme ou encore l’Ardèche sont, eux, en niveau « alerte » : les prélèvements à des fins agricoles sont réduits ; l’arrosage des jardins et des espaces verts est limité.

Selon l’indicateur de sécheresse de Météo-France, calculé depuis 1958, « on est en septième position des années les plus sèches », après des années de sécheresse historiques comme 1976 et 2003.

Déficit de pluviométrie

« Depuis juillet 2018, la pluviométrie sur la France est marquée par un déficit qui perdure notamment sur les régions du Grand-Est, de la Bourgogne - Franche-Comté, ainsi qu’en Auvergne », fait valoir Météo-France.

Cette année, au mois de juin, « les précipitations, encore déficitaires sur le Nord-Est, l’Occitanie, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse, ont été en revanche fréquentes et abondantes sur l’ouest du pays ». « Du 1er au 10 juillet, les pluies ont été quasi absentes sur la moitié nord », indique également Météo-France, alors que des orages ont touché les régions des Pyrénées au sud du Massif central, ainsi que localement en région PACA et sur le nord de la Corse.

« Certaines villes dans le Nord n’ont eu aucune goutte de pluie depuis le début de l’été, le 21 juin », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Patrick Galois, prévisionniste chez Météo-France. Il n’y a eu « aucune goutte d’eau à Paris, ce qui n’est jamais arrivé, entre le 21 juin et le 15 juillet ».

Si l’humidité des sols superficiels était proche de la normale jusqu’à juin, la canicule fin juin a contribué à assécher les sols. Depuis, « on reste dans des températures relativement élevées avec du vent, ce qui favorise l’évapo-transpiration », explique le prévisionniste. Météo-France prévoit un nouvel épisode de canicule dans les jours à venir, avec un flux d’air chaud remontant de la péninsule ibérique qui s’étendra à l’ensemble du territoire en début de semaine prochaine.

« Nous devons construire des retenues d’eau »

Concernant les nappes souterraines, au 1er juillet, à l’exception de la Corse, mieux lotie, les niveaux des nappes « se situ[aient] généralement autour ou en dessous des niveaux moyens des mois de juin, et sont globalement très inférieurs à ceux de l’année précédente à cette même époque », selon le dernier bulletin du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ces niveaux traduisent une recharge des nappes peu abondante en 2018-2019, du fait des précipitations faibles et parfois tardives durant l’automne et l’hiver.

« Nous avons un vrai problème de ressources d’eau », a déclaré mardi le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, sur RTL. « On ne peut pas regarder l’eau tomber du ciel pendant six mois et en chercher les six autres mois de l’année. J’ai lancé un grand chantier avec le monde agricole. Nous devons construire des retenues d’eau », a-t-il plaidé. Mais les demandes d’agriculteurs de stocker l’eau pendant l’hiver se heurtent parfois à l’opposition d’associations environnementales, qui prônent une adaptation des pratiques agricoles au réchauffement climatique et des cultures moins gourmandes en eau.

Il y a plusieurs types de sécheresse, rappelle l’organisme de prévision : « la sécheresse météorologique correspond à un déficit prolongé de précipitations » ; « la sécheresse des sols, dite agricole, se caractérise par un déficit en eau des sols superficiels (entre un et deux mètres de profondeur), suffisant pour altérer le bon développement de la végétation » et « la sécheresse hydrologique [qui] se manifeste enfin lorsque les lacs, rivières ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas ».