Manifestation à Mouscou pour réclamer des élections locales libres et équitables, samedi 20 juillet. / Pavel Golovkin / AP

« La Russie sera libre ! », « Honte ! », « C’est notre ville ! » : plus de 20 000 personnes, dont des figures de l’opposition russe, se sont rassemblées samedi 20 juillet dans le centre de Moscou pour réclamer des élections locales libres et équitables. « C’est de toute évidence le plus grand meeting d’opposition de ces dernières années », a affirmé l’opposant au Kremlin et blogueur anticorruption Alexeï Navalny, présent sur place avec ses alliés.

L’opposition avait appelé à cette manifestation après que les autorités russes ont invalidé l’enregistrement d’une soixantaine de candidats à l’élection du Parlement de la ville de Moscou, un scrutin prévu en septembre. « La Russie sera libre ! », scandaient les manifestants, encadrés par la police sur une large avenue du centre-ville, dont certains brandissaient des affiches « Non à Poutine ! » et « J’ai le droit de voter », ainsi que des drapeaux russes.

Lors d’un discours devant la foule, M. Navalny, 43 ans, a appelé les autorités à enregistrer tous les candidats avant samedi prochain. Dans le cas contraire, il a promis une nouvelle manifestation d’ampleur devant la mairie.

L’avocate Lioubov Sobol, 31 ans, exclue du scrutin et proche de Navalny, s’est dite persuadée d’une victoire. « Nous n’abandonnerons pas ! », a-t-elle lancé. Egalement écarté du scrutin, l’opposant Dmitri Goudkov a accusé les autorités de voler les voix des électeurs mais également leur futur. « Nous avons vécu depuis vingt ans dans un pays occupé », a soutenu cet ancien député.

Vices de forme ou irrégularités

Au terme d’une procédure de vérification, la commission électorale de Moscou a exclu mercredi du scrutin 57 candidats, dont la quasi-totalité des opposants indépendants, pour des vices de forme ou des irrégularités que ces derniers dénoncent comme fabriqués de toutes pièces.

Privée de participation à des scrutins plus importants comme la présidentielle, l’opposition s’est fortement mobilisée pour ces élections à Moscou, espérant obtenir ainsi son mot à dire dans la gestion du budget faramineux de la capitale russe. Les Moscovites seront en effet appelés aux urnes le 8 septembre pour renouveler le mandat de cinq ans des quarante-cinq députés du Parlement local, chargé de valider les décisions du maire Sergueï Sobianine, loyal au pouvoir.

Plusieurs candidats d’opposition, dont Lyubov Sobol ou Ivan Zhdanov, étaient présents lors de la manifestation, samedi 20 juillet. / Pavel Golovkin / AP

Selon la loi, les candidats indépendants étaient censés rassembler les signatures d’au moins 3 % de leurs électeurs potentiels dans chacun des quarante-cinq districts de Moscou, soit entre environ 4 500 à 5 000 personnes, pour avoir le droit de concourir. Mais des candidats d’opposition parvenus à remplir ces exigences se sont indignés contre une procédure de vérification opaque qui les a disqualifiés. Cette dernière avantage, selon eux, les candidats pro-pouvoir.

Cette manifestation se tient dans un contexte politique tendu pour le Kremlin. Ces derniers mois, plusieurs candidats du pouvoir ont été désavoués lors d’élections régionales au profit des communistes et des nationalistes, tandis que le parti au pouvoir, Russie unie, enregistre ses plus faibles scores depuis une dizaine d’années. Dans un contexte de baisse des revenus et de stagnation économique, l’opposition entend aussi miser sur le mécontentement grandissant des Russes pour obtenir davantage de libertés.