« Il fallait le dire quand on était en responsabilité » : le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a répliqué, lundi 22 juillet, à l’ancien ministre de la transition écologique Nicolas Hulot, qui a appelé les parlementaires à s’opposer au traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), soumis mardi au vote de l’Assemblée.

Dans une lettre ouverte, Nicolas Hulot incite les parlementaires à avoir « le courage de dire non » à ce texte, qui risque à ses yeux d’ouvrir la porte à des substances dangereuses par un abaissement des normes sanitaires. « Demain, chacun de vous aura plus de pouvoir que tous les ministres de l’écologie réunis. Demain, chacun de vous sera libre de voter contre la ratification du CETA et exiger ainsi la réouverture des négociations », écrit l’ancien ministre dans ce courrier publié lundi sur le site de Franceinfo.

« Quand on s’est battu pour améliorer un texte (…), on ne peut pas dire quelques mois plus tard le contraire », lui a répondu à distance le chef de l’Etat, indiquant avoir « lu la tribune » de l’ex-ministre, devant la presse après une rencontre avec le président des Comores Azali Assoumani, à l’Elysée. « Je crois que le véritable idéalisme consiste toujours à regarder le réel », a-t-il déclaré, estimant qu’une ratification du CETA irait « dans le bon sens », mais qu’il serait nécessaire de s’assurer que celui-ci soit « bien mis en œuvre ».

Facteur du dérèglement climatique

Après avoir mis en cause récemment le libre-échange comme facteur du dérèglement climatique, Nicolas Hulot s’inquiète des normes et de la remise en cause du principe de précaution dans le cadre de cet accord controversé, qui a déjà donné lieu à de vifs débats à l’Assemblée mercredi dernier. Le CETA doit être ratifié par les 38 assemblées nationales et régionales d’Europe, d’où le vote de l’Assemblée mardi, puis au Sénat à une date qui reste à définir.

Perturbateurs endocriniens, pesticides et autres substances cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques pourraient faire leur entrée en Europe par cet accord commercial, qui doit supprimer les droits de douanes sur 98 % des produits échangés entre les deux zones, selon l’ancien ministre. Pour lui, « le gouvernement a dû finalement reconnaître que les normes qui s’appliquent sur le sol européen et celles qui s’appliquent à l’importation ne sont pas les mêmes en matière sanitaire et phytosanitaire ».

« Ce que je regrette, c’est qu’il ait renoncé d’une certaine façon à agir », a réagi sur France Inter le ministre des relations avec le Parlement, Marc Fesneau. « Nous avons porté la sortie du glyphosate en trois ans, la fin des centrales à charbon, la fin de l’exploitation des hydrocarbures ; ce qui compte, pour moi, c’est les faits concrets et pas ce qu’on peut raconter dans les tribunes. »

Nicolas Hulot « a raison d’insister sur la gravité de l’enjeu et sur ce pouvoir que détient chaque député de dire non à un traité commercial qui accélère et aggrave le changement climatique », a approuvé au contraire la députée et présidente de Génération écologie, Delphine Batho, sur Franceinfo.