Greta Thunberg à Berlin, le 19 juillet. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

La jeune écologiste suédoise Greta Thunberg a été invitée, mardi 23 juillet, à l’Assemblée nationale par les 162 députés membres du collectif transpartisan pour le climat « Accélérons ». Elle doit assister aux questions au gouvernement depuis la tribune d’honneur et doit s’exprimer lors d’une réunion ouverte à tous les parlementaires. Mais qui viendra bien l’écouter ? Plusieurs députés, principalement de droite, protestent depuis quelques jours contre sa venue.

« Je respecte la liberté de penser… mais ne comptez pas sur moi pour applaudir une prophétesse en culottes courtes », a par exemple écrit sur Twitter l’élu Les Républicains du Vaucluse Julien Aubert, qualifiant la jeune suédoise de « Prix Nobel de la peur ». « La planète, oui. Le greenbusiness, non. »

Guillaume Larrivé qui, comme M. Aubert, est candidat à la présidence des Républicains, a appelé ses collègues « à boycotter Greta Thunberg à l’Assemblée nationale ». « Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n’avons pas besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifique & de courage politique », a-t-il lancé sur Twitter. Auparavant, leur collègue Valérie Boyer avait parlé de Greta Thunberg comme d’une « jeune activiste totalement sous emprise ».

« L’Assemblée se couvre de ridicule »

« Non à l’infantilisation obscurantiste, la moraline et la terreur par la peur. Greta Thunberg invitée d’honneur des [questions au gouvernement] : l’Assemblée se couvre de ridicule », a jugé de son côté Jean-Louis Thieriot, député LR de Seine-et-Marne. Au moment de l’intervention de l’adolescente, « nous serons nombreux à choisir d’accomplir sérieusement notre travail plutôt que de participer à un “show” », assure l’élue LR des Hauts-de-Seine Constance Le Grip.

Sébastien Chenu, député du Rassemblement national du Nord, a, lui, demandé :

« Si je dis que je ne veux pas aller me prosterner devant Greta Thunberg, cette enfant de 16 ans invitée à l’Assemblee devant la représentation nationale, je sors (encore ?) du politiquement correct ? ».

Une députée de La République en marche (LRM), Bénédicte Peyrol, a elle aussi pris ses distances avec l’invitation de Greta Thunberg à l’Assemblée :

« Pourrait-on mettre autant à l’honneur les scientifiques, les personnes qui agissent depuis des années pour la planète. Utiliser le manichéisme du Bien contre le Mal est bien trop simple pour agir dans un monde complexe ».

« Halluciné par tous ces propos méprisants »

« Quelle piètre image ces députés donnent du débat démocratique et du respect pour l’engagement citoyen de la jeunesse ! a réagi la députée européenne LRM et ancienne ministre Nathalie Loiseau. « Si nous n’agissons pas résolument pour la planète nous devrons rendre des comptes à la génération qui vient. Le savent-ils ? »

Mardi, une semaine avant l’intervention prévue de Greta Thunberg, le secrétaire d’Etat Gabriel Attal s’était déjà dit « halluciné par tous ces propos méprisants sur la venue » de la jeune Suédoise :

« A croire que pour certains, la jeunesse est un facteur disqualifiant pour s’exprimer… »

Des élus de gauche ont pour leur part fait valoir ces derniers jours qu’il était « incompréhensible » que la majorité vante les mérites de la jeune adolescente et vote mardi, au moment même de sa venue, le projet de loi de ratification du traité CETA de libre-échange entre l’UE et le Canada, nocif selon eux pour l’environnement.