L’Iran a annoncé, lundi 22 juillet, avoir arrêté dix-sept Iraniens et en avoir condamné à mort plusieurs dans le cadre du démantèlement d’un « réseau d’espions » de la CIA, l’Agence centrale du renseignement des Etats-Unis. Des affirmations « totalement fausses », a rétorqué le président américain, Donald Trump.

Le démantèlement de ce « réseau d’espions » avait été annoncé le 18 juin par Téhéran ; les arrestations ont eu lieu entre mars 2018 et mars 2019. La publication de détails sur cette opération du contre-espionnage iranien survient dans un contexte de fortes tensions entre l’Iran et les Etats-Unis – plus d’un an après le retrait unilatéral américain de l’accord international sur le nucléaire iranien – et d’escalade militaire dans le Golfe.

Les suspects étaient employés « dans des secteurs sensibles » ou dans des activités privées liées à ces secteurs et agissaient indépendamment les uns des autres, a rapporté le chef du contre-espionnage au ministère des renseignements iranien, dont l’identité n’a pas été révélée, lors d’une conférence de presse à Téhéran. Ce dernier n’a pas indiqué combien d’entre eux avaient été condamnés à mort. « Ceux qui ont délibérément trahi leur pays ont été remis à la justice. Certains ont été condamnés à mort et d’autres à de longues peines de prison », a-t-il seulement déclaré.

« Pas une once de vérité »

La CIA n’a, pour l’heure, pas réagi. L’agence refuse généralement de s’exprimer sur l’arrestation ou la mort de ses agents ou informateurs. « Pas une once de vérité », a de son côté tweeté Donald Trump. « Leur économie est morte et cela va empirer », a-t-il encore écrit, alors que son administration a rétabli de lourdes sanctions contre l’Iran.

Selon le responsable iranien, certains des condamnés avaient été recrutés en tombant dans un « piège » tendu par la CIA alors qu’ils étaient en quête de visas pour se rendre aux Etats-Unis. « Certains ont été approchés alors qu’ils faisaient leur demande de visa, d’autres avaient déjà des visas mais ont été soumis à la pression de la CIA au moment de leur renouvellement », a-t-il affirmé. Le ministère des renseignements évoque également le cas d’« approches directes » de citoyens iraniens par des agents de la CIA sous couverture diplomatique, en marge de conférences scientifiques en Europe, en Afrique ou en Asie.

La mission des Iraniens recrutés était de mener des « opérations de renseignement et des interventions techniques à l’aide d’un équipement de pointe dans des centres névralgiques », a encore déclaré le responsable iranien.

Dans un CD transmis à la presse, le ministère des renseignements a reproduit des scans de ce qu’il présente comme des cartes de visite de diplomates américains en poste en Autriche, Finlande, Inde, Turquie ou Zimbabwe et travaillant en fait, selon Téhéran, pour le compte de la CIA. Le CD contient également des photos de ce que l’Iran présente comme certains de ces « agents de la CIA » démasqués par le contre-espionnage.

La télévision d’Etat iranienne a commencé à diffuser lundi un « documentaire » intitulé Chékar-é djassoussa (« La traque des espions ») dont la bande-annonce figure sur le DVD fourni par le ministère. Le documentaire alterne des « reconstitutions » jouées par des acteurs et montre, par exemple, un espion rencontrant un officier traitant, entrecoupées d’interviews avec des responsables, comme le ministre des renseignements, Mahmoud Alavi.

« Nid d’espions »

La méfiance vis-à-vis de l’ingérence étrangère en Iran est aussi vieille que la République islamique. L’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, prise d’assaut par des étudiants en novembre 1979, était alors appelée le « nid d’espions ».

Récemment, la télévision d’Etat a diffusé une série en 30 épisodes, baptisée Gando (le nom d’une espèce de crocodile endémique en Iran), glorifiant l’action de services de contre-espionnage iraniens. Inspirée en partie du cas de Jason Rezaian, correspondant irano-américain du Washington Post à Téhéran emprisonné pendant 544 jours pour des accusations d’espionnage, Gando présente ce dernier comme un maître-espion. M. Rezaian avait été relâché en 2016 dans le cadre d’un échange de prisonniers avec Washington.

Les annonces d’arrestations sur des soupçons d’espionnage sont fréquentes en Iran. Le 22 juin, l’agence semi-officielle Isna avait rapporté l’exécution d’un prestataire du ministère de la défense condamné pour espionnage au profit de la CIA.

Pourquoi Trump veut en finir avec l’accord sur le nucléaire iranien
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