La découverte des résultats a ravi le premier ministre Shinzo Abe, au siège du PLD à Tokyo, dimanche 21 juillet. / Koji Sasahara / AP

La coalition au pouvoir au Japon a remporté une confortable majorité au Sénat lors des élections de dimanche 21 juillet, mais pas suffisante pour garantir l’ultime ambition du premier ministre Shinzo Abe : réformer la Constitution.

Le Parti libéral-démocrate (PLD, conservateur) présidé par M. Abe s’est arrogé 57 sièges à lui seul, sur les 124 (la moitié de la Chambre haute) en jeu lors de ce scrutin, selon les résultats compilés par la chaîne publique NHK. Son allié, le Komeito, en a quatorze, d’après la même source.

« Les formations de la majorité ont obtenu la majorité… La population a ainsi décidé que nous devions mener les politiques promises sur fond de stabilité », a déclaré le chef du gouvernement dans la soirée. « Je veux répondre à ces attentes. »

Le taux de participation est tombé sous les 50 %, autour de 48 %, le deuxième plus faible jamais enregistré pour ce type de scrutin, même si quelque 17 millions des 100 millions d’inscrits avaient exprimé leur choix avant dimanche via le système de vote anticipé.

Une majorité pas suffisante

Contrairement aux estimations initiales, ces élections ne donnent pas à Shinzo Abe la majorité des deux tiers au Sénat nécessaire pour réviser la charte fondamentale pacifiste, qui n’a jamais été amendée depuis son entrée en vigueur en 1947. En effet, pour atteindre cette majorité, il avait besoin de remporter, avec le PLD et ses alliés pro-réforme, au moins 85 sièges sur les 124 en jeu durant ce scrutin.

La coalition dispose désormais de 141 sièges au sein du Sénat, contre 147 auparavant, et les partisans de la réforme constitutionnelle sont au nombre de 160, contre 164 nécessaires pour atteindre deux tiers.

Le premier ministre, qui veut modifier plusieurs aspects de la Constitution, va donc devoir batailler encore pour convaincre des élus qui n’y sont actuellement pas favorables d’accepter notamment d’y inscrire l’existence de forces armées nationales. Il espère que le débat, qui divise, pourra s’ouvrir franchement après cette étape des sénatoriales.

En passe de dépasser le record de longévité à la tête de l’Etat

« Les résultats montrent que les électeurs ont choisi le statu quo », résume Shinichi Nishikawa, politologue de l’Université Meiji. M. Abe est davantage soutenu par les jeunes, qui aiment la stabilité, que par les personnes âgées, qui s’inquiètent de sa volonté de réviser la Constitution pacifiste.

La cote de popularité de son gouvernement, au pouvoir depuis fin 2012, se situait autour de 45 % dans le dernier sondage en date de la NHK, 33 % des personnes interrogées se disant au contraire insatisfaites de l’action de l’exécutif. L’opposition, dans un piètre état, est éclatée entre plusieurs petits partis.

En s’offrant un nouveau succès, M. Abe va en théorie pouvoir rester dans son fauteuil de premier ministre jusqu’à la fin de son troisième mandat de trois ans comme président du PLD, en 2021. En novembre, il deviendra le chef de gouvernement japonais à la plus grande longévité, dépassant le record de Taro Katsura, en poste à trois reprises entre 1901 et 1913.