Shailene Woodley, Zoe Kravitz, Laura Dern, Reese Witherspoon, Meryl Streep et Nicole Kidman lors de la première de la deuxième saison de la série « Big Little Lies », au Centre Jazz At Lincoln à New York, le 29 mai 2019. / Backgrid USA / Bestimage

OCS - À LA DEMANDE - SÉRIE

Depuis son prologue, on sait que Big Little Lies, la série créée par David E. Kelley d’après le roman (2014) de Liane Moriarty, réalisée (en saison 1) et produite par Jean-Marc Vallée, fait de sa fin son commencement : une scène de crime lors d’une soirée costumée de levée de fonds dans une école fréquentée par la société huppée de Monterrey, sur la côte californienne.

Le récit va aller par cercles concentriques se rapprochant petit à petit de la nature, de l’objet et des circonstances de la disparition du mari (Alexander Skarsgard) de Celeste (Nicole Kidman), qui brutalise régulièrement cette dernière. C’est en comprenant que son rapport ambigu et masochiste à la violence de son époux la met en grave danger que Celeste décide de le fuir. Ce qu’elle lui annonce en cette funeste soirée, occasionnant une grave et fatale altercation.

Mais ce n’est pas elle qui le tue : officiellement, la victime a chuté d’elle-même dans l’escalier. Une version des faits autour de laquelle font corps les cinq femmes présentes ce soir-là, venues à la rescousse de leur amie menacée : Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Laura Dern, qui incarnent trois femmes aisées, Shailene Woodley et Zoë Kravitz, des femmes plus jeunes, plus modestes – et bobo pour la dernière, professeur de yoga new age.

Récit circulaire

Celles qui à l’origine n’étaient pas toutes amies – le premier épisode de la saison 1 commençait par de redoutables échanges, entre condescendance et haine – continueront, en saison 2 (dont le septième et dernier épisode vient d’être diffusé par HBO aux Etats-Unis et OCS en France), à être soudées autour de celle qui est en fait responsable de la chute mortelle du mari de Celeste.

Tandis que l’étau de l’enquête resserre son joug, le récit circulaire continue, avec de nombreux flash-back, comme en saison 1 – mais avec un systématisme dont la nécessité ne s’impose pas toujours – alors que la vie personnelle des cinq femmes suit son cours plus ou moins chaotique, entre secrets intimes, faillites financières et couples en déroute.

Un tour d’écrou supplémentaire est apporté en saison 2, qui, complétant la circularité du récit, opère une sorte de double révolution jugulante : Meryl Streep, mère du mari de Celeste, vient progressivement instiller un poison à dispersion lente mais certaine dans la vie de sa belle-fille et celle de ses amies, qu’elle fait littéralement s’étrangler de rage.

Un sourire torve et des yeux de biche

Son personnage est nulle part et partout. Il susurre les pires vacheries avec un sourire torve et des yeux de biche myope (Meryl Streep y subit l’une de ces métamorphoses physiques dont elle a le secret). Et finit, c’était prévisible, et peut-être voulu, par être le centre de tout et faire oublier tout ce qui l’entoure.

Au point qu’on se demande si, sans Meryl Streep, la saison 2 de Big Little Lies serait parvenue à continuer de captiver ses spectateurs et à masquer une très sensible baisse d’intérêt du propos et de la manière dont il est mené. A force de procéder par cercles, la série menaçait de finir par tourner en rond.

La rumeur fait poindre la possibilité d’une saison 3, ce que la conclusion de celle-ci pourrait permettre d’envisager. Mais pourquoi risquer de gâcher plus encore ce qui, en une saison parfaite, sous la forme d’emblée envisagée d’une minisérie, serait probablement resté comme un chef-d’œuvre ?

Big Little Lies: Season 2 | Official Trailer | HBO
Durée : 02:10

Big Little Lies, saison 2, série créée par David E. Kelley. Avec Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Zoë Kravitz, Laura Dern, Meryl Streep (US., 2019, 7 × 52 min). Les saisons 1 et 2 sont intégralement disponibles à la demande sur OCS.