Le constructeur automobile japonais Nissan, confronté à une dégringolade de ses profits, a annoncé, jeudi 25 juillet, la suppression de 12 500 emplois, parallèlement à la réduction de sa production de 10 % d’ici à 2022-2023.

Au premier trimestre de l’exercice 2019-2020 (avril-juin), le partenaire du français Renault a vu son bénéfice net fondre de près de 95 % à 6,4 milliards de yens (52 millions d’euros au cours retenu par le groupe), tandis que son chiffre d’affaires reculait de 12,7 % sur la période. Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, avait prévenu au printemps : les réformes seront douloureuses, et le groupe n’a pas d’autre choix, acculé, selon lui, par la stratégie d’expansion à marche forcée menée par Carlos Ghosn, sauveur aujourd’hui vilipendé.

En plus des 4 800 postes déjà évoqués en mai par Nissan, au moins 5 200 emplois additionnels sont dans le viseur. Les réductions pourraient concerner des sites en Amérique du Sud et dans d’autres régions où la rentabilité de Nissan est faible. M. Saikawa, qui s’était distingué par son zèle à sabrer les coûts sous l’aile de Carlos Ghosn au tournant des années 2000, quand Nissan se trouvait au bord de la faillite, ressort donc la même méthode. In fine, les effectifs seront diminués de plus de 7 % dans un groupe de 139 000 salariés.

Recul net des ventes

Hiroto Saikawa, PDG de Nissan, lors d’une conférence de presse pour présenter les résultats du premier trimestre au siège de la société à Yokohama, au Japon, le 25 juillet 2019. / ISSEI KATO / REUTERS

« Une restructuration de grande échelle de l’ensemble de la compagnie, et pas seulement des usines, est inévitable », a commenté pour l’Agence France-Presse (AFP) Tatsuo Yoshida, analyste automobile chez Sawakami Asset Management. Le groupe, poursuit-il, se trouve en « surcapacité » en raison des ambitions passées de M. Ghosn, obnubilé par la première place mondiale, même si d’autres voient là une excuse facile.

Dans un contexte difficile pour l’industrie, Nissan semble aujourd’hui à bout de souffle. La firme, qui a tardé à renouveler ses modèles, aujourd’hui vieillissants, subit un net recul des ventes de ses voitures aux Etats-Unis et en Europe, sans compter l’impact sur son image de l’affaire Ghosn elle-même. La compagnie nippone a largement contribué à déclencher la saga en menant l’enquête en interne sur son emblématique patron, arrêté en novembre et inculpé depuis à quatre reprises par la justice japonaise.

Mitsubishi Motors, dernier venu dans l’alliance, est lui aussi en difficulté, même si le tableau n’est pas aussi noir : il a annoncé mercredi un bénéfice net trimestriel en chute de 67 %.