Chronique. La 22e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui vient de baisser rideau et de consacrer fort logiquement l’Algérie, n’a pas échappé à une règle désormais solidement établie. A chaque grande compétition, les consultants envahissent les radios et les télés.

Ils pérorent sur tout, expliquent tout, passent pour d’infaillibles connaisseurs du jeu et du milieu. Ils parlent technique et tactique, condition physique et athlétique. Rien sur le terrain ou dans les vestiaires, laissent-ils croire, ne leur est inconnu ou étranger. Sans doute, si on les interrogeait même sur la couleur des dessous portés par les acteurs, ils nous renseigneraient.

Les plus connus et recherchés d’entre eux sont grassement payés et font l’objet, à chaque été, de surenchères. La plupart des consultants sont d’anciens joueurs qui sont donc censés savoir de qui ils parlent. Tant pis s’ils ne débitent que des lieux communs ou des approximations ! Ou si la prétention les étouffe et les conduit à dire une chose et son contraire.

Comme en 2014, lorsque les mêmes experts tentèrent de nous faire avaler ce soir de Coupe du monde que la victoire de l’Allemagne était inéluctable sur le Brésil (7-1) après nous avoir pourtant persuadés le matin que les Brésiliens, chez eux, seraient imbattables.

Exception qui devient la règle

Avant, à la fin de leur carrière, la mode chez les joueurs était d’ouvrir un magasin d’articles de sport. La télé et la radio servent aujourd’hui de lieux de reconversion. Naguère, on comptait cinq journalistes pour un consultant. De nos jours, la proportion s’est inversée. La consultance n’est plus l’exception mais la règle.

Le temps des Larqué (foot), Eddy (basket), Dominguez (tennis) ou Albaladejo (rugby) est définitivement révolu. Certains consultants oublient ou feignent d’oublier qu’ils reviennent d’expériences malheureuses dans des clubs et n’hésitent pas à se poser en donneurs de leçons.

Certes, ils ne sont pas tous sans compétence ou clairvoyance. Il en est même dont le jugement ou les emportements ne sont pas dénués de fondement (Dugarry en France ou Bell en Cameroun). Mais, outre que cette tendance à faire appel à des gens extérieurs n’est pas en soi une garantie de meilleure analyse, elle a surtout pour effet de déposséder les journalistes de leurs principales prérogatives.

Combien parmi ces derniers deviennent-ils de simples agents de liaison sans réelle mesure avec leur formation ? Ce dont bien sûr, leurs employeurs ne se soucie guère… Jeu de dupes ? Ça y ressemble beaucoup.