La toiture de plomb a fondu lors de l’incendie de la cathédrale, le 15 avril 2019. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Un groupe scolaire pollué au plomb après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame ne rouvrira pas tant que le taux ne redescendra pas à 1 000 g/m2, a déclaré vendredi 26 juillet Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris.

Les écoles, élémentaire et maternelle, situées rue Saint-Benoît (6e arrondissement), qui accueillaient des enfants en centre de loisirs pour l’été, avaient été fermées « par précaution » jeudi, des taux en plomb supérieurs à 5 000 g/m2 ayant été relevés dans les cours extérieures, avait expliqué la Mairie de Paris à l’Agence France-Presse.

Depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril, des taux de concentration importants de plomb, auquel les enfants sont particulièrement exposés, ont été relevés aux abords de l’édifice, en raison de la fusion de plusieurs centaines de tonnes de ce métal contenus dans la charpente de la flèche et de la toiture lors de l’incendie.

Des fermetures « préventives »

Des prélèvements ont été recommandés par l’Agence régionale de santé (ARS) dans les 500 mètres autour de la cathédrale dans un premier temps. Le périmètre a été élargi après que des mesures effectuées à l’extérieur ont montré des niveaux supérieurs à la référence de 5 000 g/m2.

Après un premier lavage, la concentration est passée à 3 500 g/m2, un taux qui n’atteint pas les 1 000 g/m2 préconisés par l’ARS. « On va continuer à laver », a-t-il promis Emmanuel Grégoire.

« L’ARS elle-même dit qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure », a-t-il toutefois affirmé. Selon lui, les taux relevés n’étaient « pas dangereux pour la santé a priori » et la fermeture des établissements est surtout « préventive ». Il a par ailleurs souligné que les prélèvements sanguins des enfants à risques « n’ont révélé aucune anomalie » – sauf pour un, dont le logement était déjà exposé au plomb.

« Il n’y a pas de dose sans risques », a averti de son côté Robert Garnier, toxicologue au centre antipoison de Paris. « En gros, chez un petit enfant, on perd 5 à 7 points de quotient intellectuel quand la plombémie passe de 0 à 100 », a expliqué le médecin.

Les enfants sont plus sensibles à un empoisonnement au plomb. « Ils absorbent quatre à cinq fois plus de plomb que les adultes », leur curiosité « innée » faisant qu’ils portent à leur bouche des objets qui ont pu être contaminés, note l’Organisation mondiale de la santé.

Le saturnisme

Le plomb peut provoquer le saturnisme, principalement chez les jeunes enfants et les femmes enceintes. C’est une maladie intoxicante dont les effets sont délétères même à faible dose, et qui peut se déclarer bien après l’ingestion ou l’inhalation. « C’est insidieux, on s’en rend pas compte, on traîne ça et d’un coup, y’a des soucis », explique ainsi Mathé Toullier, présidente de l’association française des victimes du saturnisme, arguant que l’élimination des traces de plomb dans le sang peut prendre des années. A la clé, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, une baisse de croissance, d’audition et de QI, mais aussi pour les cas plus graves, anémie, hypertension, déficience rénale et des effets toxiques sur le système immunitaire et l’appareil reproducteur. L’organisation mondiale de la santé rappelle par ailleurs le caractère « irréversible » des effets neurologiques et comportementaux.