Le 28 juin 2019, le président français, Emmanuel Macron, s’entretient avec le président américain, Donald Trump, lors d’une réunion au sommet du G20 à Osaka. / BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Donald Trump est monté au créneau vendredi 26 juillet contre la France et sa taxe sur les géants américains du numérique. Le président américain a dénoncé « la stupidité » du président Emmanuel Macron et menacé de rétorsions le vin français, l’un des produits d’exportation tricolores les plus emblématiques.

« La France vient d’imposer une taxe du numérique à nos grandes entreprises technologiques américaines. Si quelqu’un devait les taxer, cela devrait être leur pays d’origine, les Etats-Unis », a tweeté le président américain. « Nous annoncerons bientôt une action réciproque substantielle après la stupidité de Macron. J’ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français ! », a ajouté l’hôte de la Maison Blanche, qui ne boit pas d’alcool.

De l’autre côté de l’Atlantique, la réaction n’a pas tardé : « La France mettra en œuvre ses décisions nationales », a réagi le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Le Parlement français avait définitivement adopté le 11 juillet l’instauration de cette taxe sur les géants du numérique, faisant de la France un pays pionnier en matière d’imposition des GAFA (acronyme désignant Google, Apple, Facebook et Amazon) et autres multinationales accusées d’évasion fiscale.

L’administration Trump avait annoncé la veille de cette décision qu’elle lançait une enquête pour mesurer les effets d’une telle taxe sur les entreprises américaines. Puis, lors du G7 en France la semaine dernière, Paris et Washington avaient semblé réduire leur contentieux, les ministres des Finances évoquant alors des progrès vers un accord mondial sur la taxation du numérique.

« La taxation universelle des activités numériques est un défi qui nous concerne tous. Nous souhaitons parvenir à un accord sur ce sujet dans le cadre du G7 et de l’OCDE », a souligné vendredi Bruno Le Maire.

« Discrimination »

Cette décision unilatérale « démontre le peu d’engagement de la France dans les négociations en cours avec l’OCDE », a pourtant jugé vendredi depuis Washington un porte-parole de la Maison Blanche, Judd Deere.

« Le gouvernement Trump a toujours affirmé qu’il ne resterait pas les bras croisés et ne tolérerait aucune discrimination à l’encontre des entreprises américaines. »

La taxe GAFA crée une imposition des grandes entreprises du secteur non pas sur leur bénéfice, souvent consolidé dans des pays à très faible fiscalité comme l’Irlande, mais sur le chiffre d’affaires, en attendant une harmonisation des règles au niveau de l’OCDE.

Plus tôt, le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, avait qualifié cette taxe de « très, très grosse erreur ». « Nous ne sommes pas contents que la France soit allée de l’avant avec cette sorte d’impôt sur le numérique », avait-il dit sur la chaîne CNBC.

Droits de douane supplémentaires

La taxe GAFA impose ces entreprises à hauteur de 3 % du chiffre d’affaires réalisé en France, notamment sur la publicité ciblée en ligne, la vente de données à des fins publicitaires et la mise en relation des internautes par les plates-formes. Cette solution a vocation à n’être que temporaire dans l’attente d’un aboutissement de négociations internationales.

En juin, Donald Trump avait déjà laissé entendre qu’il pourrait infliger des taxes douanières supplémentaires au vin français. Mais il invoquait alors ces droits de douane supplémentaires pour corriger une concurrence jugée « déloyale ».

« La France taxe beaucoup le vin et nous taxons peu le vin français », avait alors dénoncé le président américain au cours d’un long entretien sur CNBC. Le vin français est réputé pour être « très bon », avait aussi commenté l’hôte de la Maison Blanche. Mais les viticulteurs américains se plaignent du fait qu’il entre sur le sol américain « pour rien ». « Ce n’est pas juste, nous allons faire quelque chose pour ça », avait-il alors asséné.