Mantes-la-Jolie : images choquantes de lycéens interpellés par la police
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Les images de l’interpellation avaient provoqué un choc retentissant. Cent cinquante et un jeunes âgés entre 12 et 21 ans, mis en rang, à genoux mains sur la tête, encadrés par des policiers en tenue et filmés par eux. L’enquête préliminaire confiée à l’inspection générale de la police (IGPN) portant sur cette interpellation survenue en décembre 2018, lors d’une mobilisation lycéenne à Mantes-la-Jolie (Yvelines), a été classée sans suite, a-t-on appris vendredi 26 juillet auprès du parquet de Nanterre.

En mai dernier, la directrice de l’IGPN, Brigitte Jullien, avait fait savoir que l’enquête administrative avait établi « qu’il n’y avait pas de faute » commise par la police. Auditionnée par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, Mme Jullien avait ajouté qu’il n’y avait « pas de comportements déviants de la part des policiers », parlant du « contexte très, très violent à l’époque ».

« Enquête lacunaire »

Le Collectif de défense des jeunes du Mantois, qui rassemble les familles des jeunes interpellés et leurs soutiens, avait alors réagi, dénonçant dans un communiqué « une enquête délibérément lacunaire puisque l’IGPN n’a pas jugé bon d’entendre les enfants victimes ou les témoins avant de tirer ses conclusions », et avait souligné la récurrence de « ces agissements iniques » qui « concernent tous les secteurs du mouvement social et de la société civile, tant ils condensent la violence des pouvoirs publics contre sa propre population, particulièrement depuis décembre 2018, tant ils rappellent la menace réelle qui plane sur le simple droit de manifester ».

Un collège de cinq avocats – dont Emmanuel Tordjman, l’un des deux conseils des familles de Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés à Clichy-sous-Bois (93) en 2005, et Raphaël Kempf, l’un des avocats des « gilets jaunes » – s’est constitué pour défendre la vingtaine de familles qui a porté plainte. Parallèlement à l’enquête administrative, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Versailles en février.

Elle avait ensuite été dépaysée à Nanterre (Hauts-de-Seine) et confiée à la « police des polices », qui a auditionné une poignée d’adolescents interpellés. Au lendemain de l’interpellation, le Défenseur des droits avait également ouvert une enquête.