Le siège d’EDF, à Paris, le 15 février. / ALAIN JOCARD / AFP

Le 1er août va être l’occasion d’un nouveau genre de chassé-croisé estival : les tarifs de l’électricité vont connaître une nouvelle augmentation, de 1,23 %, alors que ceux du gaz vont baisser de 0,5 %.

Ce léger coup de pouce du tarif « Bleu » d’EDF, auquel sont toujours abonnés près de 80 % des foyers, s’ajoute à la forte progression de 5,9 % intervenue en juin. Une partie est justifiée par les coûts des réseaux, qui sont revus annuellement, et servent à financer le Réseau de transport d’électricité (RTE) et le distributeur d’électricité Enedis (ex-ERDF).

L’autre composante de cette hausse concerne les certificats d’économie d’énergie – qui financent notamment des travaux d’isolation, des changements de chaudières au fioul ou des lampes moins énergivores – et la progression des coûts commerciaux d’EDF.

Ce deuxième réajustement en trois mois ne manquera pas de faire réagir : en juin, l’UFC-Que choisir et l’association Consommation Logement et Cadre de vie (CLCV) avaient saisi le Conseil d’Etat, estimant que cette hausse « permettrait à EDF d’augmenter indûment ses marges de 87 % ». Mais cet argumentaire a été rejeté mi-juillet par la juridiction suprême de l’ordre administratif.

Cette polémique avait mis en lumière les contradictions du mode de calcul de ces tarifs, qui concernent en premier lieu les clients d’EDF, mais également les offres de la plupart de ses concurrents, qui indexent leurs offres sur ce tarif. A travers un dispositif complexe de répartition de la production nucléaire, la loi impose une augmentation des tarifs pour favoriser la concurrence. « Des fortunes privées ont été construites, et monétisées, sur le dos du parc nucléaire d’EDF », s’indignait en mai dans Le Figaro, le patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, en guerre ouverte contre ce mécanisme, appelé Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique).

Inquiétudes climatiques de plus en plus présentes

La loi énergie-climat, examinée en juin et juillet à l’Assemblée et au Sénat, n’a pas vraiment réglé le problème, se contentant d’amender ce dispositif à la marge, et renvoyant à plus tard une réforme de l’Arenh – et, par ricochet, du mode de calcul des tarifs de l’électricité.

A l’inverse, les tarifs du gaz vont connaître une baisse de 0,5 % au 1er août. Cette réduction fait suite à une première chute de 6,8 % intervenue au 1er juillet. Ce mouvement reflète le nouveau mode de calcul défini par le gouvernement et une diminution importante des prix du gaz sur le marché. En réalité, ces mouvements auraient pu être plus importants, mais pour éviter une possible remontée à l’automne, le gouvernement a préféré étendre la baisse sur plusieurs mois.

Les tarifs réglementés du gaz concernent environ 4,5 millions de foyers abonnés à l’offre historique d’Engie (ex-GDF Suez), soit 39 % du marché

Après une période de croissance à l’hiver 2018, les tarifs sont repartis dans l’autre sens, se situant à -15 % par rapport au niveau de janvier 2015. Dans le détail, la baisse au 1er août sera de 0,1 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 0,3 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 0,6 % pour les foyers qui se chauffent au gaz.

Ces tarifs réglementés du gaz concernent environ 4,5 millions de foyers abonnés à l’offre historique d’Engie (ex-GDF Suez), soit 39 % du marché. Mais de nombreuses offres rivales sont également indexées sur ces tarifs, qui doivent disparaître au 1er juillet 2023, conformément à la volonté du gouvernement. Les abonnés qui n’auront pas changé d’abonnement à cette date seront automatiquement transférés chez les offres de marchés d’Engie.

A l’heure où les inquiétudes climatiques se font de plus en plus présentes, le bilan des deux énergies est pourtant bien différent dans leur contribution au changement climatique : en France, l’électricité émet très peu de dioxyde de carbone (CO2), puisqu’elle est essentiellement produite à partir de centrales nucléaires et de barrages hydroélectriques. Le gaz, à l’inverse, est une énergie fossile et, à ce titre, une forte émettrice de gaz à effet de serre.