Des centaines de manifestants se sont rassemblés mardi 30 juillet devant un commissariat de police du quartier de Kwai Chung, à Hongkong. / Vincent Yu / AP

Des heurts ont éclaté mardi 30 juillet au soir à Hongkong entre la police et des centaines de manifestants après que 44 manifestants arrêtés durant les violences qui ont émaillé les récentes manifestations en faveur d’une plus grande démocratie ont été inculpés de participation à des émeutes, un délit passible de jusqu’à dix ans de prison.

Hongkong est plongé dans la pire crise de son histoire récente, avec de gigantesques manifestations pacifiques depuis le 9 juin contre le gouvernement local pro-Pékin mais aussi des affrontements sporadiques entre contestataires radicaux et policiers.

La mobilisation, partie du rejet du projet hongkongais — désormais suspendu — d’autoriser les extraditions vers la Chine, s’est muée au fil des semaines pour le régime de Pékin en un défi d’une ampleur sans précédent depuis la rétrocession en 1997 de cette ancienne colonie britannique.

Ainsi, dans la soirée de mardi, les forces antiémeutes ont fait usage de gaz poivre contre des centaines de manifestants qui s’étaient regroupés devant un commissariat de police du quartier de Kwai Chung où, selon des médias locaux, étaient détenus les opposants inculpés le même jour. Des policiers armés de matraques et protégés par des boucliers sont sortis du bâtiment pour tenter de disperser la foule qui a alors répliqué par des jets de bouteilles en plastique et de parapluies. Des volets de fer avaient été abaissés sur toutes les portes et fenêtres du commissariat, dont les murs étaient maculés de graffitis.

Les échauffourées les plus violentes se sont produites dimanche près du Bureau de liaison chinois, qui représente l’autorité de Pékin dans ce territoire semi-autonome. La police a tiré du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc sur des manifestants prodémocratie, sortis par dizaines de milliers dans les rues au cœur de la mégapole, malgré l’interdiction des autorités. 49 manifestants ont été arrêtés : 32 hommes et 17 femmes âgés de 16 à 41 ans, dont 44 ont été inculpés mardi de participation à des émeutes.

Pékin appelle à durcir le ton

Les manifestants se sont engagés à poursuivre leur mouvement jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. Ils demandent notamment la démission de la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, une enquête indépendante sur les agissements de la police, l’amnistie des personnes arrêtées, le retrait définitif du projet de loi sur les extraditions vers la Chine et le droit d’élire leurs propres dirigeants.

Dans le même temps, le gouvernement chinois a appelé, lundi, l’exécutif de Hongkong à sanctionner les auteurs de violences et à « rétablir l’ordre au plus vite », au lendemain de nouvelles mobilisation dans l’ex-colonie britannique.

Le porte-parole de l’agence ministérielle chargée des affaires de Hongkong et Macao, Yang Guang, a tenu un langage plutôt modéré, tout en renouvelant le « soutien très fort » du gouvernement central à Carrie Lam et aux forces de police. « La violence reste de la violence et ce qui est illégal est illégal », a-t-il déclaré, appelant « au respect des lois ».

« Nous pensons que, pour l’heure, la tâche prioritaire de Hongkong est de sanctionner les actions violentes et illégales en conformité avec la loi, de rétablir l’ordre au plus vite et de maintenir un environnement propice pour les affaires », a déclaré la porte-parole de ce Bureau, Xu Luying.

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