Le stationnement de ces engins « est de nature à entraver de manière significative le cheminement des piétons (...) », selon la Mairie de Paris. / JOEL SAGET / AFP

C’est désormais officiel : à Paris, les trottinettes électriques en libre-service n’ont plus le droit de stationner sur les trottoirs, où elles gênaient les piétons. La mesure fait l’objet d’un arrêté publié mardi 30 juillet au Bulletin officiel de la ville de Paris.

Ces véhicules étaient jusqu’à présent tolérés aux endroits où ils ne gênaient pas, par exemple, entre deux arbres. A présent, leur stationnement est « interdit et considéré comme gênant » sur tous les trottoirs, mais aussi sur les aires piétonnes, et la chaussée de toutes les rues, édicte l’arrêté. Ils doivent donc utiliser uniquement les places de stationnement sur la chaussée, à partager avec les voitures et les motos…

L’essor spectaculaire des trottinettes électriques « crée des difficultés en matière de stationnement et génère des conflits d’usage de l’espace public », souligne la Mairie de Paris pour justifier son arrêté. Le stationnement de ces engins « est de nature à entraver de manière significative le cheminement des piétons, occasionnant des risques de chute, notamment pour les personnes en situation de handicap visuel », ajoute le texte. Dans ces conditions, il est nécessaire de restreindre le stationnement des trottinettes « aux seuls endroits adaptés à leurs caractéristiques », conclut la Mairie.

Calmer la grogne des Parisiens

Pour « en finir avec l’anarchie » et calmer la grogne des Parisiens, la maire socialiste Anne Hidalgo avait annoncé, le 6 juin, une série d’actions destinées à encadrer l’essor des trottinettes, dont l’interdiction du stationnement sur les trottoirs qui se traduit avec cet arrêté.

Au même Bulletin officiel est publié un règlement qui concrétise un autre engagement, pris dans le même but dès mars, puis adopté par le conseil municipal en avril : la création d’une taxe sur les trottinettes en libre-service. Jusqu’à présent, les opérateurs comme Lime, Bird, etc., étaient totalement libres d’installer leurs véhicules dans l’espace public, sans rien payer. C’est ce qui a conduit à l’arrivée, en quelques mois, d’une douzaine de concurrents, disposant ensemble de plus de 20 000 trottinettes.

Le règlement publié mardi instaure une barrière financière à l’entrée sur ce marché, sous la forme d’une redevance liée à « l’occupation du domaine public routier de la Ville de Paris par des véhicules ou des engins à deux ou trois roues en libre-service sans stations d’attache en attente de location ».

La maire de Paris, Anne Hidalgo, et son équipe ont prévu de prendre plusieurs autres mesures pour faire face à l’essor mal maîtrisé des trottinettes électriques. / JOEL SAGET / AFP

Redevances et collecte de données

Selon ce qui avait été indiqué en mars, le tarif devrait partir de 20 euros par an pour un vélo classique ou électrique, monter à 50 euros pour une trottinette électrique, 60 euros pour un scooter électrique et passer à 120 euros et au-delà pour un scooter traditionnel.

Le texte impose également aux opérateurs de partager avec la Mairie de Paris de nombreuses données, « rafraîchies » au minimum « toutes les trois heures », afin que la ville dispose en temps réel d’informations détaillées sur le nombre de véhicules disposés dans l’espace public, leur localisation, etc.

Au-delà de ces deux textes, Anne Hidalgo et son équipe ont prévu de prendre plusieurs autres mesures pour faire face à l’essor mal maîtrisé des trottinettes électriques. Les élus comptent en particulier lancer un appel d’offres pour ne retenir, à terme, que deux ou trois opérateurs. Ils attendent pour le faire l’adoption du projet de loi d’orientation des mobilités, actuellement en discussion au Parlement.

« Plus il y aura de règles, mieux ce sera, se réjouit Stéphane MacMillan, patron des trottinettes Circ (ex-Flash). Cela fera sortir du jeu les opérateurs qui ne sont pas là pour durer. La régulation fera baisser la spéculation ! »

Ces derniers mois, le trop-plein de trottinettes à Paris, les coûts de maintenance de ces véhicules, souvent détériorés, et les menaces de la Mairie de Paris ont déjà bien calmé le jeu. Environ la moitié des douze entreprises privées qui s’étaient jetées dans la bataille ont suspendu provisoirement ou définitivement leur service, dont Bolt. Seuls Lime, Bird, Tier, Voi, Dott et Circ semblent toujours actifs dans les rues de la capitale.