Ludivine Sagnier interprète Julie, une fille délurée, dans « Swimming Pool » de François Ozon. / CONSTANTIN FILM

ARTE - MERCREDI 31 JUILLET 20 H 55 - FILM

Après Huit femmes, où des actrices modélisées en stars hollywoodiennes se déployaient dans une esthétique de théâtre de boulevard, François Ozon investissait, en 2003, un autre territoire où se recoupent Belle de jour, de Buñuel, Répulsion, de Polanski, et, bien sûr, La Piscine, de Jacques Deray, dont Swimming Pool est la version fantasmée. Comme dans le film avec Alain Delon et Romy Schneider, le récit prend place dans une maison isolée du sud de la France. On y retrouve un trio infernal – une romancière anglaise à succès, la fille délurée de son éditeur, un restaurateur bellâtre, réceptacle des désirs et des frustrations des deux femmes –, autour d’une piscine à la teneur fantasmatique flagrante.

La romancière (Charlotte Rampling), en panne d’inspiration, est venue trouver refuge dans la résidence secondaire de son éditeur en plein Lubéron. Le début du séjour se passe paisiblement pour cette femme d’âge mûr, reliée au monde par sa seule ligne de téléphone, se nourrissant de fromage blanc allégé. Jusqu’à ce qu’arrive, inopinément, la fille de l’éditeur (Ludivine Sagnier).

Vieille Anglaise revêche

La confrontation entre l’auteure de polars, avec son chemisier à fleurs et son gilet tricoté, et la jeune fille pulpeuse à la sexualité débridée, sollicite la mémoire du spectateur sur le même mode que Huit femmes et renvoie les personnages à un au-delà cinématographique où se forge leur vécu.

Ozon brise avec un certain bonheur l’image sulfureuse de Charlotte Rampling, exploitée par Visconti dans Les Damnés, Liliana Cavani dans Portier de nuit et Oshima dans Max mon amour. Il la transforme en vieille fille desséchée, affolée par les ébats bruyants de son encombrante voisine.

Swimming Pool - Bande annonce français
Durée : 01:47

On n’en veut pas à Ozon de brouiller la frontière entre rêve et réalité, mais on peut lui reprocher, cette fois, de rêver un peu pauvrement. Les fantasmes qui nourrissent le film sont trop raisonnables pour être dérangeants. C’est d’autant plus regrettable que, dans l’une des rares scènes où Charlotte Rampling s’autorise à franchir le cadre étroit de son personnage, en se dénudant à l’improviste devant un jardinier ébahi, Swimming Pool approche une zone interdite, forcément plus stimulante, qui est celle du scandale lié au passage à l’acte.

Swimming Pool, de François Ozon. Avec Charlotte Rampling, Ludivine Sagnier, Charles Dance, Marc Fayolle (Fr., 2003, 1 h 42).