Croquis d’audience illustrant ASAP Rocky (en vert) à Stockholm le 30 juillet. / Anna Harvard / AP

Jugée devant les tribunaux suédois pour violences, la star américaine du hip-hop ASAP Rocky a plaidé la légitime défense mardi 30 juillet à l’ouverture de son procès, au côté de deux membres de son entourage.

ASAP Rocky, 30 ans, de son vrai nom Rakim Mayers, placé en garde à vue puis en détention après une rixe le 30 juin dans les rues de la capitale suédoise, a agi en situation de « légitime défense », avait déclaré son avocat Slobodan Jovicic à l’ouverture des débats. Toutefois, a-t-il dit, le rappeur « admet avoir jeté la victime par terre, il lui a marché sur le bras et lui a donné un coup de poing ou repoussé son épaule ».

La majeure partie de la première journée du procès a été consacrée à l’analyse des preuves vidéo. Sur un enregistrement amateur d’abord diffusé par TMZ, et retransmis lors du procès, l’artiste, en visite dans la capitale suédoise pour un concert, met au sol un jeune homme puis lui assène des coups. Dans d’autres vidéos postées sur le compte Instagram du rappeur, ASAP Rocky demande à plusieurs reprises à deux jeunes hommes de cesser de le suivre.

La victime, un réfugié afghan de 19 ans et un ami qui l’accompagnait « affich[aient] un comportement menaçant, agressif et profondément provocateur », a fait valoir l’avocat d’ASAP Rocky, devant son client impassible, installé les bras croisés sur le banc des prévenus.

Le rappeur américain ASAP Rocky, à New York en septembre 2018. / ANGELA WEISS / AFP

Profondes plaies

Le parquet plaide de son côté l’acte volontaire, estimant qu’ASAP Rocky et ses coaccusés – deux membres de son entourage – ont agressé la victime. Le procureur Daniel Suneson a présenté devant la Cour des éléments matériels qui selon lui accréditent ses réquisitions, dont des vidéos et des messages échangés entre les protagonistes. Des photos de la victime prises par les enquêteurs le 30 juin et diffusées au procès lors de l’exposé des faits par le procureur révèlent de profondes plaies sur plusieurs parties du corps, manifestement occasionnées par un objet coupant. La victime, montrant au tribunal ses blessures, a expliqué avoir été « frappée » par quatre personnes. « Deux (d’entre elles) ont essayé de me couper avec du verre », a-t-elle ajouté en persan, à l’issue de la première journée d’audience.

Un des deux plaignants – il n’en reste plus qu’un dans la procédure pénale – a également frappé un membre de l’entourage du rappeur et une enquête parallèle a été ouverte à son encontre, mais le parquet a abandonné les poursuites, affirmant qu’il n’avait fait que répondre à l’agression dont il était victime.

Renee Black, la mère d’ASAP Rocky s’est rendue au tribunal pour l’ouverture du procès de son fils, à Stockholm le 30 juillet. / FREDRIK PERSSON / AFP

Le procès doit se tenir sur trois journées, jusqu’à vendredi. Le témoigne d’ASAP Rocky est attendu jeudi. Si les juges le déclarent coupable, l’artiste encourt jusqu’à deux ans de prison assortis d’une amende. « C’est un cauchemar », a réagi la mère du prévenu, Renee Black, présente dans la salle d’audience sécurisée du tribunal de Stockholm, à la mi-journée.

Un soutien signé Donald Trump

Le président Donald Trump, qui a accusé ce week-end la Suède de mépriser le sort des Noirs américains, a dépêché sur place son envoyé spécial chargé des Affaires liées aux otages, Robert O’Brien. « Le président m’a demandé de venir ici pour soutenir ces citoyens américains et nous nous efforçons de les ramener le plus rapidement possible », a déclaré M. O’Brien à l’Agence France-Presse (AFP), refusant de commenter le dossier.

Depuis son arrestation, amis et fans de l’artiste dénoncent un « acharnement » de la justice suédoise et réclament sa libération, jusqu’aux plus hautes sphères politiques. A l’annonce du renvoi de l’artiste devant les tribunaux, le président américain s’est dit « déçu par le Premier ministre suédois Stefan Löfven » sur les réseaux sociaux. Des responsables politiques suédois ont répondu au locataire de la Maison Blanche en défendant l’indépendance absolue de la justice vis-à-vis du pouvoir exécutif.

Plusieurs élus du Congrès américain ont exhorté la Suède à libérer le musicien et un ancien ambassadeur américain à Stockholm, Mark Brzezinski, a fait savoir mi-juillet qu’il avait contacté le ministère suédois des Affaires étrangères et la maison royale, en dénonçant une « injustice à caractère racial ». Une accusation cependant balayée par l’avocat du rappeur new-yorkais Slobodan Jovicic : la Suède n’est « pas une société raciste », a-t-il déclaré en conférence de presse. « Je ne pense pas du tout que le système judiciaire soit raciste. Faire ce qu’ils ont fait, ils le feraient à n’importe qui », a aussi défendu un fan venu soutenir le rappeur.