Manifestation à Khartoum, au Soudan, le 1er août. / MOHAMED NURELDIN ABDALLAH / REUTERS

Les manifestations ont repris au Soudan, et la répression aussi. Quatre manifestants ont été abattus jeudi 1er août, lors d’un rassemblement à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum, selon un comité de médecins lié au mouvement de contestation. Plusieurs personnes ont été blessées.

Des milliers de Soudanais ont protesté à travers le pays contre le meurtre, lundi, de six manifestants, dont quatre lycéens, également tués par balles. Plus de 60 personnes avaient aussi été blessées cette même journée à Al-Obeid, dans l’Etat du Kordofan-Nord.

Les leaders de la contestation avaient appelé à « une marche de 1 million » de personnes pour « obtenir justice ».

« Où est la commission d’enquête ? », ont scandé les protestataires défilant dans les quartiers Burri et Bahri, hauts lieux à Khartoum de la contestation depuis le déclenchement des manifestions en décembre dernier. De nombreux manifestants ont brandi des drapeaux et des photographies de protestataires tués depuis décembre.

Des rassemblements ont également eu lieu à Al-Obeid, Madani (centre), Port-Soudan, ville au bord de la mer Rouge, et dans l’Etat du Nil Blanc (sud).

Les Forces de soutien rapide accusées

Le général Jamal Omar, membre du Conseil de transition militaire qui dirige le pays depuis la destitution du président Omar Al-Bachir en avril, a accusé les paramilitaires des redoutées Forces de soutien rapide (RSF) d’avoir tiré sur la foule. Des suspects ont été remis aux autorités locales, a indiqué l’agence officielle Suna, sans préciser leur nombre. Dirigées par Mohammed Hamdan Daglo, aujourd’hui numéro deux du Conseil militaire, les RSF sont également accusées par les leaders de la contestation.

Depuis décembre, la répression de la contestation a fait plus de 250 morts, selon un comité de médecins proche de la contestation.

La mort de manifestants à Al-Obeid avait entraîné la suspension de négociations prévues initialement mardi entre les leaders de la contestation et les militaires sur le partage du pouvoir.

Reprise des discussions

Les discussions devaient reprendre ce jeudi soir. Ces négociations devaient permettre de finaliser certains points en suspens après la conclusion d’un accord de partage du pouvoir le 17 juillet. Obtenu après de difficiles négociations, il prévoit un Conseil souverain composé de cinq militaires et six civils, chargé de mener la transition pendant un peu plus de trois ans.

Les points en suspens portent sur les pouvoirs de ce Conseil souverain, sur le déploiement des forces de sécurité et l’immunité de généraux impliqués dans la répression de rassemblements.

Ces discussions ont déjà été suspendues par le passé, notamment après la dispersion brutale le 3 juin d’un sit-in de manifestants devant le siège de l’armée à Khartoum qui a tué 127 manifestants.

Une enquête officielle a conclu à l’implication de huit paramilitaires dont des membres des RSF dans cette équipée sanglante. Le général Daglo a nié toute responsabilité, dénonçant une tentative de nuire à l’image de ses forces.