Une voiture piégée a explosé à l’entrée d’un QG des forces de l’ordre, dans le quartier de Cheikh Othman, à Aden, au Yémen, le 1er août. / Nariman El-Mofty / AP

Journée sanglante au Yémen. Deux attaques ont visé les forces de la police à Aden, la grande ville du sud du pays, tuant au moins 49 personnes et blessant 48 autres.

Une voiture piégée a explosé à l’entrée d’un QG des forces de l’ordre, dans le quartier central de Cheikh Othman, au moment où les policiers se rassemblaient pour saluer le drapeau national. Des responsables des services de sécurité assurent que l’attaque a été menée par des djihadistes.

L’ONG Médecins sans frontières (MSF), qui gère l’hôpital où ont été transportées les victimes, a affirmé sur Twitter que « dix personnes ont été tuées » et seize blessées, dont deux grièvement.

Non loin, à la périphérie ouest d’Aden, ville où siège le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, une autre attaque a visé la caserne d’Al-Jalaa, où se déroulait une parade à l’occasion de la remise des diplômes à des policiers fraîchement formés. Selon un bilan établi par des sources médicales, cette attaque a fait « 17 tués parmi les policiers et de nombreux blessés ». Un haut gradé de la police, le général Mounir Al-Yafyi, a été tué sur le coup, touché par des éclats du missile tombé près d’une tribune, selon un photographe de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. Des corps gisaient sur le sol, a-t-il précisé, comptant entre 30 et 35 personnes tuées ou blessées.

Cette fois, l’attaque a été revendiquée par les houthistes, qui s’opposent aux forces progouvernementales. Sur leur chaîne de télévision Al-Masirah, les rebelles ont affirmé avoir mené l’attaque à l’aide d’un missile et d’un drone.

« Ceinture de sécurité »

Le gouvernement a condamné la double attaque. « Ces attaques prouvent que les milices des houthistes et les autres groupes terroristes se partagent les rôles et se complètent dans la guerre contre le peuple yéménite », a-t-il souligné dans un communiqué.

De son côté, un porte-parole des rebelles, Daifallah Al-Chami, a affirmé à l’AFP à Sanaa que la caserne d’Aden avait été visée parce qu’elle servait à « préparer une offensive des traîtres et de leurs agents » contre les insurgés.

Les forces prises pour cible jeudi appartiennent à la force dite de la « ceinture de sécurité », entraînée et équipée par les Emirats arabes unis, l’un des piliers de la coalition menée par l’Arabie saoudite, et qui intervient au Yémen contre les rebelles depuis mars 2015. Début juillet, les Emirats arabes unis ont annoncé leur intention de réduire leurs troupes au Yémen pour passer d’une « stratégie » de guerre à une logique de « paix ».

Ces dernières années, Aden, capitale « provisoire » du gouvernement yéménite après la prise de Sanaa par les rebelles houthistes, a été le théâtre d’une série d’attentats ayant tué des centaines de personnes, certains ayant été revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI), d’autres par Al-Qaida.

Période de calme relatif

Mais jusqu’aux attaques de jeudi, Aden avait connu une période de calme relatif, le dernier attentat-suicide remontant à juillet 2018.

Le sud du Yémen avait néanmoins été touché le 10 janvier par une attaque de drones menée par les houthistes contre l’armée loyaliste, à la base aérienne d’Al-Anad, dans la province de Lahj. Cette base, la plus importante du pays, avait servi avant la guerre à l’armée américaine pour traquer les djihadistes d’Al-Qaida.

Ancien comptoir prospère de l’empire britannique sur l’océan Indien, Aden était la capitale de l’ancien Yémen du Sud, qui était un Etat indépendant jusqu’à sa fusion avec le Yémen du Nord, en 1990.

A la faveur du conflit qui oppose depuis 2014 les houthistes aux forces progouvernementales, Al-Qaida et l’EI ont renforcé leur implantation dans le sud du Yémen et y ont revendiqué des dizaines d’attentats ces dernières années. Plus de quatre ans après l’intervention de la coalition conduite par Riyad, les houthistes contrôlent toujours de vastes zones de l’ouest et du nord du pays, dont la capitale Sanaa. Le sud du Yémen reste quant à lui principalement sous le contrôle des forces progouvernementales.

Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux civils, selon diverses ONG, et provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, d’après l’ONU.

Guerre au Yémen : pourquoi le pays est en train de disparaître
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