Un skateur dans les rues de Varsovie, en Pologne, lundi 5 août. / WOJTEK RADWANSKI / AFP

La mesure pourrait profiter à quelque deux millions de jeunes salariés. Depuis le 1er août, une mesure, décidée par le gouvernement conservateur polonais, permet aux jeunes de moins de 26 ans d’être exonérés d’impôt sur le revenu.

La décision a deux objectifs. D’abord, encourager les jeunes à rejoindre rapidement le marché du travail, qui manque de plus en plus de main-d’œuvre, a expliqué le vice-ministre des finances, Leszek Skiba. Ainsi, un jeune devrait toucher à la fin du mois 18 % de plus, que son employeur ne retiendra plus pour le verser au fisc. Le second objectif affiché par le gouvernement est également de réduire la migration des jeunes vers l’Ouest et ses hauts salaires.

« Difficile de tout prévoir, de promettre un coup de baguette magique, mais nous pensons que les jeunes qui se demandent s’ils doivent travailler en Pologne ou à l’étranger verront que la différence avec l’Occident, concernant leur salaire net, diminue et ce sera pour eux une motivation pour rester en Pologne », dit M. Skiba. Mieux, pense-t-il, « une partie de ceux qui sont déjà en Europe de l’Ouest, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France ou en Irlande y verront un encouragement pour réfléchir à leur retour en Pologne ».

2,5 milliards de zlotys

Pour l’Etat, le coût total pourrait atteindre, au total, 2,5 milliards de zlotys, soit environ 580 millions d’euros. Une moitié de cette somme n’ira pas dans les caisses du gouvernement et l’autre moitié réduira les recettes des collectivités locales.

Le plan du gouvernement a été accueilli avec réserve par de nombreux jeunes, qui y voient une manœuvre électorale pour récupérer leur vote, à quelques mois des législatives. Même scepticisme du côté de certains experts économistes libéraux. « La suppression de cet impôt ne change pas grand-chose » pour l’économie, estime ainsi Andrzej Sadowski, président du Centre Adam-Smith. « Pour un entrepreneur, ce qui est coûteux, ce n’est pas l’impôt sur le revenu, de 18 %, mais les charges sociales ZUS, de 40 %. » Reste que, selon lui, ce sont les entrepreneurs qui pourront profiter de l’opération. « S’ils embauchent maintenant un jeune homme, ils pourront lui proposer un salaire sur lequel ils n’auront pas à payer l’impôt de 18 %. »

Les partisans de la mini-réforme rappellent, pour leur part, le précédent suédois. En 2007, le gouvernement suédois de centre droit avait réduit de moitié les cotisations patronales pour les moins de 26 ans, dans l’espoir de faciliter leur accès au marché du travail. Mais le gouvernement de centre gauche a supprimé la mesure en 2016, l’estimant inefficace.