Lors d’une manifestation demandant la démission de la présidente de la commission électorale, Jane Ansah, à Lilongwe, au Malawi, le 4 juillet 2019. / AMOS GUMULIRA / AFP

Des dizaines de milliers de personnes ont participé, mardi 6 août au Malawi, à de nouvelles manifestations. Organisées à intervalles réguliers depuis les élections contestées du 21 mai, ces marches ont pour but d’obliger la présidente de la commission électorale, Jane Ansah, à démissionner en raison de sa gestion controversée du scrutin. Mardi, les manifestations ont tourné à l’émeute à Lilongwe, la capitale, où l’armée a dû être déployée.

La « marche du million », organisée par la Coalition des défenseurs des droits humains, visait à attirer au total un million de manifestants dans les trois principales villes du pays, Mzuzu, Lilongwe et Blantyre. Un journaliste de Lilongwe, Golden Matonga, a estimé la foule à des centaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale. Des dizaines de milliers d’autres manifestants ont défilé à Blantyre et Mzuzu, dont plus de 20 000 à Blantyre, la métropole économique, et un peu moins dans la troisième ville du pays, Mzuzu. Ces protestations ont eu lieu un jour après qu’un tribunal a rejeté la requête du procureur général du pays qui cherchait à interdire les manifestations.

Voitures incendiées, magasins pillés

Les marches de Blantyre et Mzuzu ont été généralement pacifiques, mais à Lilongwe des violences ont éclaté et le calme n’est revenu qu’avec le déploiement de l’armée. Des habitants ont dit avoir vu des voitures incendiées et des magasins pillés toute la journée. « Outre un véhicule de police, j’ai vu au moins deux autres véhicules du gouvernement incendiés et des boutiques littéralement saccagées sur le chemin des manifestations », a déclaré Patrick Banda, un habitant de Lilongwe, à l’AFP. Les manifestations ont tourné à l’émeute après que la police a tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule, qui a riposté en mettant le feu au véhicule blindé de la police.

Le Malawi, petit pays d’Afrique australe, traverse une crise politique depuis la réélection du président Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014. Le chef de l’Etat sortant a obtenu 38,57 % des suffrages, devant son principal adversaire, Lazarus Chakwera (35,41 %), et son ancien vice-président, Saulos Chilima (20,24 %).

L’opposition dénonce depuis des fraudes lors du dépouillement, dont l’existence d’un nombre anormalement élevé de bulletins de vote recouverts de correcteur blanc. Les perdants ont saisi la justice pour réclamer une annulation de la présidentielle. Les manifestations organisées par l’opposition et la société civile ont été dispersées à plusieurs reprises par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes.