A l’entrée du salon SmallSat, à Logan (Utah), en 2018. L’événement attire les professionnels de l’espace et des satellites. / SmallSat

Au milieu de nulle part, à Logan, en plein cœur de l’Utah, se tiennent depuis trente-trois ans des rencontres professionnelles sur les satellites rassemblant, pendant une semaine, 3 000 à 4 000 personnes. « Driving a revolution », tel était le thème cette année des conférences qui se sont déroulées du 3 au 8 août. Une manière de symboliser la mutation que vit le secteur spatial avec les multiples projets de constellations composées de dizaines, de centaines, voire de milliers de petits, micro ou nano-satellites pour développer l’Internet pour tous et celui des objets.

« C’est un endroit où il faut être présent, même si c’est compliqué pour s’y rendre et cher d’y participer », estime Grégory Pradels, responsable de Newspace Factory, une structure justement créée voici un an pour permettre aux petites entreprises du Sud-Ouest de se faire connaître à l’étranger, ce qu’elles ne peuvent faire seules. Une dizaine de PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) du pôle de compétitivité Aerospace Valley ont rejoint cette organisation, pour échanger leurs contacts, avoir des stands communs sur les salons internationaux et décrocher ainsi des marchés.

Ensemble, elles rassemblent 350 salariés, représentent 500 millions d’euros de chiffre d’affaires et sont référencées dans plus de 250 projets

Ensemble, elles rassemblent 350 salariés, représentent 500 millions d’euros de chiffre d’affaires et sont référencées dans plus de 250 projets. Depuis ses premiers pas à Washington en 2018, le collectif participe à toutes les grandes manifestations du secteur. « C’est une réponse technologique française aux enjeux du New Space », ajoute M. Pradels, pour prouver que l’avenir du spatial ne se joue pas uniquement dans les start-up de la Silicon Valley qui se sont multipliées depuis une dizaine d’années.

Innovation française

Le salon SmallSat de Logan a accueilli quatre entreprises du Newspace-Factory : Anywaves, Comat, Hemeria et Mecano ID, cette dernière exposant un nouveau type de déployeur de microsatellites. L’innovation française consiste à les mettre sur un support rigide pour les éjecter une fois leur orbite atteinte, alors qu’ils sont généralement enfermés dans des boîtes munies de ressorts pour être catapultés. « Cela laisse libre cinq faces, ce qui permet de mettre des capteurs et des antennes supplémentaires », explique Didier Zely, responsable de la ligne de produits des systèmes de déploiement. La mise au point d’EOS (Ejection of satellite), pesant à peine 4 kg, a demandé un an de développement avec le soutien du CNES et de Newspace Factory.

En dehors de ce collectif, six autres firmes tricolores se sont rendues à Logan et figurent parmi les 300 exposants. Leur point commun ? La miniaturisation. Ainsi Sodern, une PME d’Île-de-France, expose son viseur d’étoiles Auriga. Des caméras numériques qui sont les « yeux » du satellite observent la voûte céleste, reconnaissent les étoiles, permettant ainsi de calculer son orientation. Jusqu’alors, ce système indispensable pour tous les engins spatiaux pesait près de 2 kg, coûtait le prix d’une belle maison et était produit à raison d’une centaine par an. Le changement est venu avec la commande de 1 800 viseurs d’étoiles pour équiper les 900 minisatellites de la future constellation OneWeb lancée par Greg Wyler. Avec Auriga, tout a été divisé au moins par dix. Le viseur a la taille d’une canette de Coca, pèse 200 grammes, vaut le prix d’une voiture de moyenne gamme et surtout, il est fabriqué à la cadence d’un par heure.