Le siège du groupe suisse Glencore, à Baar. / SEBASTIAN DERUNGS / AFP

Glencore, géant suisse du négoce des matières premières, va suspendre la production dans sa mine de cobalt de Mutanda, en République démocratique du Congo (RDC), face à la chute des cours des métaux qui ont plombé ses résultats du premier semestre. D’ici à la fin de l’année, le groupe va organiser une période de transition, pour une phase « temporaire » de réparations et d’opérations de maintenance dans cette mine, la plus importante au monde pour la production de cobalt.

Le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, va continuer d’évaluer ses activités dans cette mine, a-t-il indiqué, mercredi 7 août, dans un communiqué détaillant ses chiffres semestriels, précisant que la production « recommencera lorsque les conditions économiques se seront suffisamment améliorées ». Avec la chute des cours, mais aussi avec l’inflation des coûts et les taxes plus élevées, l’exploitation de cette mine n’est pas rentable au cours actuel du cobalt, a expliqué le groupe lors d’une présentation pour justifier sa décision.

Utilisé dans les batteries de téléphones portables et de véhicules électriques, ce métal avait connu une poussée de fièvre, s’échangeant jusqu’à 95 000 dollars la tonne en mars 2018, avant que son cours se retourne brusquement. Face à une offre excédentaire, son prix a chuté en moyenne de 58 % sur les six premiers mois de 2019, a précisé Glencore, entraînant une lourde perte de 350 millions de dollars (plus de 310 millions d’euros) dans ses activités de négoce.

« Un environnement économique difficile »

Au premier semestre, le groupe suisse a vu son bénéfice net dégringoler de 92 %, à 226 millions de dollars, dans un contexte de baisse généralisée des cours des métaux. Le groupe a de surcroît comptabilisé près de 900 millions de dollars de dépréciations sur des actifs pétroliers au Tchad ainsi que des mines de cuivre en Afrique, dont 300 millions sur la mine de Mutanda.

« Notre performance sur la première moitié [de l’année] est le reflet d’un environnement économique difficile », a déclaré son directeur général, Ivan Glasenberg, cité dans le communiqué. Les tensions autour des échanges internationaux, la force du dollar mais aussi les taux d’intérêt ont pesé sur les cours des matières premières, face aux craintes sur les tarifs douaniers et leurs possibles répercussions sur la production manufacturière, a-t-il expliqué dans sa présentation des comptes semestriels.

Tous les grands métaux de référence du groupe se sont inscrits en baisse durant le semestre, le cuivre chutant en moyenne de 11 %, le zinc se repliant de 16 %, tandis que le plomb et le nickel ont perdu respectivement 20 % et 11 %, a-t-il détaillé. « Nos activités de cuivre en Afrique n’ont pas atteint la performance opérationnelle attendue », a également reconnu le patron de Glencore, soulignant que le groupe a procédé à des remaniements de ses équipes dirigeantes dans ses mines du Katanga, également en RDC, et de Mopani, en Zambie, pour redresser ses activités.

Une production supérieure à la demande

Vers 13 h 25 GMT, l’action perdait 3,93 %, à 222,25 pence, alors que le FTSE100, l’indice de référence de la Bourse, était légèrement orienté à la baisse, cédant ses gains de la matinée. « La forte exposition aux métaux industriels signifie que l’état fragile de l’économie exerce toutes sortes de pressions » sur Glencore, ont réagi les analystes de la société de courtage londonienne AJ Bell dans un commentaire de marché.

Le cobalt avait vu ses cours s’envoler avec l’essor des véhicules électriques, encourageant l’extraction au point que la production a fini par dépasser la demande et créer d’importants surplus. La forte demande anticipée grâce aux constructeurs automobiles avait également encouragé la spéculation sur le cobalt, perçu par les investisseurs comme un des grands actifs financiers de la révolution verte. Fin juillet, le cours du cobalt était retombé à 26 000 dollars la tonne, soit son plus bas niveau en trois ans.