Comme depuis plusieurs années, le PSG est le grand favori avant le début de la saison  2019-2020 de la Ligue 1… / CHRISTOF STACHE / AFP

On aimerait se dire que cette nouvelle saison de Ligue 1, qui commence vendredi 9 août, ne sent pas le réchauffé. Mais dans ce championnat qui s’est trouvé un nouveau partenaire officiel, avec une entreprise de livraison de repas remplaçant un vendeur de canapé, c’est bien l’ogre du Paris-Saint-Germain, titré six fois en sept saisons, qui semble désigné pour tout croquer, et ne laisser que des miettes à ses camarades.

D’autant que l’équipe de Thomas Tuchel n’a pas brillé la saison passée. C’est-à-dire, selon ses standards, qu’elle n’a remporté que la L1, laissant la Coupe de France aux Rennais, la Coupe de la Ligue aux Strasbourgeois, sans même parler de la Ligue des champions et de la cuisante élimination en huitièmes de finale contre Manchester United.

Toujours aussi riche, rassuré par le retour du Brésilien Leonardo en tant que directeur sportif, emmené par sa flopée de stars internationales, dont Kylian M’Bappé (33 buts la saison dernière), Edinson Cavani (18 buts), ou Neymar (dont on ignore encore s’il sera encore parisien, ou footballeur, la saison prochaine), le PSG entame la saison avec appétit, le ventre presque creux, et l’esprit un brin revanchard. Et le Trophée des champions remporté 2-1 face à Rennes, le 3 août, fait figure de mise en bouche.

Lyon, Marseille, Lille, Saint-Etienne et Monaco en (plats de) résistance

Une fois la question du titre évacuée, reste la course au podium, et surtout à la deuxième place, synonyme de qualification automatique pour la Ligue des champions. Le surprenant dauphin lillois, qui disputera la prestigieuse Coupe d’Europe cette année, aura-t-il les moyens de rester compétitif en championnat ? Le club nordiste a dû attendre le transfert à Arsenal de son attaquant ivoirien Nicolas Pépé (22 buts, 11 passes décisives la saison dernière), pour quelque 80 millions d’euros, le 1er août, pour y voir plus clair dans son mercato.

Pas vraiment dans son assiette avant le début du championnat avec 3 victoires en 7 matchs de préparation, le LOSC inquiète, et misera sur des joueurs en devenir, comme c’est devenu la norme depuis la politique de « trading » mise en place par Luis Campos, comme le Turc Yusuf Yazici, le Nigérian Victor Osimhen, ou l’Américain Timothy Weah.

L’OL a choisi un duo brésilien pour mener les Gones : l’ex-milieu star Juninho en tant que directeur sportif et l’ancien latéral Sylvinho, qui devient le premier entraîneur étranger du club de l’ère Aulas. / JEFF PACHOUD / AFP

Plus actif sur le marché des transferts, l’Olympique lyonnais, troisième l’an dernier, espère grignoter une meilleure part du gâteau. Après le départ de leur entraîneur Bruno Génésio à la fin du mois de mai, les Gones ont fait leur révolution à la mode auriverde, avec l’arrivée d’une légende au poste de directeur sportif – Juninho, meilleur joueur de l’histoire du club –, et d’un novice en tant qu’entraîneur, son compatriote Sylvinho. Le duo s’est séparé de plusieurs joueurs-clés, dont Ferland Mendy (Real Madrid), Tanguy Ndombélé (Tottenham) et Nabil Fékir (Betis Séville), mais a enregistré plusieurs renforts comme Thiago Mendes (ex-Lille), Andersen (ex-Sampdoria) ou Jean Lucas (ex-Santos).

Sur le plan financier, le mercato des Gones est pour l’instant une réussite, avec un bilan record de 309 millions d’euros de revenu (au 30 juin). Reste à voir quelle conséquence cela aura sur le terrain, et comment la « minirévolution » de l’arrivée d’un entraîneur étranger, selon les mots de Jean-Michel Aulas, permettra au club rhodanien de passer un palier, ou non. Même engagé dans une saison qui sera forcément de transition, l’OL est un sérieux candidat pour la 2e place.

L’autre Olympique, qui n’a plus disputé la Ligue des champions depuis six ans, n’a pas de compétition européenne à se mettre sous la dent cette année, récompense d’une saison passée ratée, et marquée par le départ de Rudi Garcia. Ce quatrième exercice de l’ère Frank McCourt est l’occasion rêvée de se concentrer sur le championnat pour les Marseillais qui ont trouvé leur avant-centre en l’Argentin de 29 ans Dario Benedetto (ex-Boca Junior, Argentine). Menés par leur nouvel entraîneur, le Portugais André Villas-Boas, ils ont remporté le titre plus ou moins honorifique des EA Ligue 1 Games cet été ; un tournoi qui rassemblait l’OM, Saint-Etienne, Bordeaux et Montpellier, aux Etats-Unis.

La tâche s’annonce en revanche plus difficile mais pas impossible pour Saint-Etienne, 5e l’an dernier. Après le départ de Rémy Cabella (Krasnodar, Russie), et la vente record du jeune William Saliba (30 millions d’Euros, à Arsenal, qui l’a prêté pour la saison… à Saint-Etienne), les Verts affichent un budget plutôt confortable estimé à 100 millions d’euros. Le maintien dans ce top 5 tout en disputant la Ligue Europa sera un challenge de taille.

L’autre inconnue, grande comme son rocher, s’appelle l’AS Monaco. L’addition aurait pu être plus salée pour le club de la principauté passé tout près de la relégation l’an dernier. Depuis, l’ASM a enchaîné les déconvenues sur le marché des transferts, avec notamment l’arrivée avortée du Portugais André Silva, recalé à la visite médicale, et fait une préparation mitigée. Les Monégasques ont enregistré quatre victoires, dont une de prestige contre le FC Porto (1-0), mais aussi trois défaites, notamment contre Lokeren, un club de deuxième division belge.

Montpellier, Nice, ou Rennes : qui sera la surprise du chef ?

Le futur dauphin pourrait aussi ne pas faire partie des ces équipes. L’an dernier la sensation était venue de Lille, les Dogues s’étant hissé dans le gratin de la L1 alors que le club avait fini au 17e rang la saison d’avant.

Montpellier s’appuie sur un effectif relativement stable pour une possible année de maturité. Le club a enregistré peu de départs de cadres, hormis le gardien Benjamin Lecomte (Monaco) et le milieu Ellyes Skhiri (Cologne). Et le club s’est adjugé les services de Téji Savanier, meilleur passeur de Ligue 1 l’an dernier avec Nîmes, cependant absent pendant deux mois à cause d’une blessure au genou droit.

Montpellier peut espérer un podium avec sa recrue Téji Savanier, ici portant les couleurs de son ancien club de Nîmes, avec lequel il a été le meilleur passeur de Ligue 1 l’an dernier. / PASCAL GUYOT / AFP

Rennes, tombeur du PSG en finale de la Coupe de France en avril, un titre qui a mis fin à quarante-huit ans de jeûne, semble décomplexé, et peut confirmer, même si les départs des cadres Benjamin André et Mexer, voire celui de l’ailier Ismaïla Sarr, risquent de fragiliser l’équilibre.

Nice, septième la saison précédente, est au contraire dans une situation contradictoire. En passe d’être racheté par le milliardaire anglais Jim Ratcliffe, et donc de passer dans une autre dimension financière, les Aiglons sont bloqués tant que la transaction n’est pas conclue, ce qui ne sera pas le cas avant le 15 août. Affaiblis par le départ de leur attaquant Allan Saint-Maximin à Newcastle, les hommes de Patrick Vieira ont connu une préparation qui a tourné au vinaigre, avec 14 buts encaissés en deux rencontres amicales contre Burnley (Premier League) et Wolfsburg (Bundesliga).

Brest, Metz et Dijon ont du pain sur la planche…

Parmi ceux qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés figurent logiquement les deux promus. Brest, absent de Ligue 1 depuis 2013, se reposera largement sur Gaëtan Charbonnier, auteur de 27 buts et 6 passes décisives en Ligue 2 l’an dernier. Après le départ de Jean-Marc Furlan, c’est Olivier Dall’Oglio qui mènera le club dans le pari du maintien. Une tâche qui a réussi à l’ex-entraîneur de Dijon, artisan de la montée en 2016 et du maintien dans l’élite du club.

Le meilleur buteur de Ligue 2 (27 buts sur la saison 2018-2019), Gaëtan Charbonnier, devra confirmer dans l’élite pour y maintenir son club de Brest. / SÉBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

Champion de L2, le FC Metz a su garder ses joueurs, mais les Messins manquent peut-être d’un attaquant expérimenté. Ce pourrait être le Sénégalais de 24 ans Habib Diallo, mais il devra s’imposer pour confirmer son statut, acquis à l’échelon inférieur (26 buts en Ligue 2 l’an dernier).

Autre équipe qui risque de boire la tasse, Dijon, sauvé in extremis lors d’un barrage face au RC Lens en juin, a enregistré neuf départs. Pour sa cinquième saison en Ligue 1, le club a donné les clés à Stéphane Jobard dont c’est le premier poste en tant qu’entraîneur principal. A moins que, comme la saison dernière, l’AS Monaco ne vienne jouer les trouble-fêtes dans le bas de tableau de cette Ligue 1 où tout semble incertain, mais possible.