Un ouvrier réalise les travaux de décontamination des cours des écoles maternelle et élémentaire de Saint-Benoît, dans le 6e arrondissement de Paris, à l’aide d’un produit surfactant permettant de piéger le plomb. Dans ces deux écoles, le revêtement va être intégralement refait. / MARTIN BUREAU / AFP

Des hommes masqués en combinaison blanche pulvérisant un liquide bleuâtre sur la marelle, des engins de chantier circulant autour du toboggan…, cette scène étrange marque le début des travaux de décontamination, jeudi 8 août, dans les écoles maternelle et élémentaire de Saint-Benoît, dans le 6e arrondissement de Paris. Le groupe scolaire, qui accueillait des enfants en centre de loisirs durant la période estivale, avait fermé ses portes le 25 juillet, en raison de taux de plomb élevés mesurés dans les cours de récréation extérieures.

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril, a provoqué la fusion et la dispersion de près de 400 tonnes de plomb. L’Agence régionale de santé (ARS) avait alors recommandé des prélèvements dans un périmètre de 500 mètres autour de la cathédrale, avant de l’élargir, dans le courant de juillet, à 800 mètres.

« Dès qu’on nous a dit que les écoles Saint-Benoît faisaient partie du périmètre à tester, on a fait les mesures tout de suite, garantit Bérénice Delpal, directrice des affaires scolaires de la Ville de Paris. Quand on a su qu’il y avait un taux trop élevé [une moyenne de 7 000 microgrammes par mètre carré (µg/m²), supérieure à la limite de 5 000 µg/m² définie par l’ARS], on a fait déplacer le centre de loisirs. » La Mairie de Paris, accusée par des riverains, des associations et des syndicats d’avoir tardé à réagir, joue aujourd’hui la carte de la transparence et veut montrer sa rapidité.

Les sols des cours de récréation vont être entièrement refaits

Après un nettoyage scrupuleux des cours de récréation, le taux a diminué « à peu près de moitié », affirme Agnès Lefranc, chef du service parisien de santé environnementale, qui dépend de la Ville de Paris. « Il n’existe pas de référence sur la contamination par le plomb à l’extérieur, précise-t-elle toutefois. Donc l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a mis en place une cellule d’aide à la décision, que nous pouvons solliciter au cas par cas. »

Après avoir initialement fixé une référence à 5 000 µg/m², l’ARS a établi une limite, pour les lieux fréquentés par les enfants, à 1 000 µg/m². Le choix retenu a finalement été de refaire entièrement les sols des cours de récréation. Les travaux sont prévus jusqu’au 24 août, pour un coût de plus de 200 000 euros. « L’enjeu est d’être prêt pour la rentrée scolaire », affirme Bérénice Delpal.

Sur la surface de plus de 1 850 m², cinq centimètres de revêtement vont être retirés. Afin d’éviter que le contaminant contenu dans les sols ne se libère dans l’air durant les travaux, les ouvriers utilisent un produit bleuâtre, du surfactant, « qui permet de piéger et de coller les poussières de plomb », explique Mickael Prestavoine, le chef de chantier et directeur des opérations industrielles de Séché Urgences Interventions. Le liquide bleu durcit, et au bout de trente minutes les ouvriers peuvent « décroûter » le béton avec les pelleteuses. Ils poseront ensuite un enrobé de cinq centimètres de la même qualité.

Des mesures sur les parcs et jardins du périmètre

Deux autres écoles ont présenté des taux de plomb supérieurs à 5 000 µg/m² dans leurs cours extérieures : l’école maternelle Saint-André-des-Arts (6e arrondissement), et l’école maternelle Verneuil (7e arrondissement). Dans ces établissements, les endroits contaminés peuvent être isolés des enfants, puisqu’il s’agit respectivement d’un patio fermé et d’un jardin privé.

Les travaux à Saint-André-des-Arts débuteront prochainement. Contrairement à celui du groupe scolaire Saint-Benoît, le sol ne sera pas refait. La technique du gel (celle qui est utilisée sur le parvis de Notre-Dame) a été retenue. « On a pensé que c’était la méthode la plus adaptée », justifie Bérénice Delpal. La Mairie de Paris attend l’approbation du propriétaire du jardin privé jouxtant l’école Verneuil pour commencer tout chantier.

Le risque d’un empoisonnement au plomb est plus élevé pour les enfants, ceux-ci jouant parfois à même le sol, portant parfois à la bouche des objets qui ont pu être contaminés. « La ville réalise actuellement des mesures sur l’ensemble des parcs et jardins qui sont compris dans la zone définie par l’ARS », affirme Agnès Lefranc, qui se veut rassurante. Elle assure que la Ville adaptera les lieux de jeux en fonction des niveaux mesurés, de façon à garantir la santé des petits qui fréquentent ces espaces.