Des militaires montent la garde devant un bureau de vote à San Juan Sacatepequez, au Guatemala, dimanche 11 août. / JOSE CABEZAS / REUTERS

Qui succédera au président du Guatemala, Jimmy Morales, dont le mandat a été entaché de scandales ? Pour le second tour de la présidentielle, plus de 8 millions de Guatémaltèques sont appelés à choisir dimanche 11 août entre la sociale-démocrate Sandra Torres et le conservateur Alejandro Giammattei pour prendre la tête du pays en janvier 2020.

Les électeurs ont beau être désabusés, ils ont toujours l’espoir que le prochain chef de l’Etat aura enfin à cœur de lutter contre les trois plaies du pays : la corruption, la violence criminelle et la misère.

Contre la plupart des pronostics précédents prédisant une forte abstention, ils pourraient tout de même être environ 70 % à se rendre dans les bureaux de vote pour ce second tour du scrutin présidentiel, selon un dernier sondage publié jeudi par le quotidien Prensa Libre.

Beaucoup glisseront cependant leur bulletin dans l’urne sans trop y croire, les deux finalistes étant des vieux routiers de la politique du Guatemala, loin de pouvoir combler les aspirations au changement. Sandra Torres en est à sa troisième tentative et Alejandro Giammattei, donné gagnant par le dernier sondage, brigue pour la quatrième fois le siège présidentiel.

Un pays gangrené par la corruption

Il est vrai aussi que les Guatémaltèques pensaient renouveler la classe politique en élisant en 2015 Jimmy Morales, un humoriste de la télévision sans aucune expérience du pouvoir… Las, le bateleur n’a pas tardé à décevoir les espoirs de ses électeurs et il finit son unique mandat de quatre ans sous le coup d’une enquête pour financement illégal de campagne électorale.

La corruption qui gangrène le pays et le pacte migratoire humiliant imposé par Donald Trump ont dominé la campagne électorale du second tour. Les deux candidats assurent qu’ils lutteront contre la corruption. Cette volonté affirmée se heurte cependant au scepticisme de leurs opposants et des analystes, d’autant que Mme Torres et M. Giammattei ont annoncé vouloir se passer de l’aide de la Cicig, la mission anticorruption de l’ONU, déclarée indésirable pour avoir mis en accusation le président sortant Jimmy Morales.

A la préoccupation lancinante du combat anticorruption, est venue s’ajouter récemment l’humiliation d’un pacte migratoire arraché par le président américain Donald Trump. Malgré le tollé soulevé dans le pays par cet accord aux termes flous et conclu dans l’opacité, les deux candidats se sont montrés jusqu’ici d’une grande prudence dans leurs commentaires et quant à leurs intentions.

Selon la Maison Blanche, le Guatemala serait dorénavant considéré comme un « pays tiers sûr » auprès duquel les demandeurs d’asile devront effectuer leurs premières démarches. Mais pour nombre de responsables d’ONG, le Guatemala ne peut recevoir les migrants en route pour les Etats-Unis alors qu’il n’arrive même pas à subvenir aux besoins de sa propre population. En effet, 60 % des 17,7 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Ce pays du « triangle nord » d’Amérique centrale fournit lui-même, avec ses voisins du Honduras et du Salvador, parmi les plus forts contingents de candidats au « rêve américain » et qui se jettent sur les routes pour fuir la misère et la violence des gangs.