Placido Domingo lors d’un concert à Marbella, en Espagne, en juillet 2015. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Il est considéré comme l’un des plus grands noms du monde de l’opéra. Le célèbre chanteur lyrique Placido Domingo est aujourd’hui accusé de harcèlement par plusieurs femmes. Après la publication, mardi 13 août, d’une enquête par l’agence de presse américaine Associated Press (AP), l’Opéra de Los Angeles, dont il est directeur général, a annoncé qu’il allait « engager un avocat pour enquêter sur [ces] inquiétantes allégations ».

Dans l’enquête d’AP, neuf femmes – huit chanteuses et une danseuse – affirment avoir été sexuellement harcelées par le légendaire chanteur d’origine espagnole, considéré comme la plus grande star vivante du lyrique.

Les victimes présumées citées dans l’enquête d’AP, dont une seule a accepté que son nom soit publié, accusent le chanteur de 78 ans aux plus de 4 000 prestations de les avoir harcelées sur une période de trente ans, à compter de la fin des années 1980. L’une affirme qu’il a mis la main sous sa robe, trois autres qu’il leur aurait imposé des baisers. Elles évoquent des gestes déplacés, tels qu’une main sur le genou lors d’un déjeuner.

Sept des neuf femmes ont même assuré que leur carrière avait connu un coup d’arrêt après qu’elles eurent rejeté ses avances, et qu’elles n’avaient plus jamais pu retravailler avec lui. Elles étaient toutes jeunes et en début de carrière à l’époque des faits.

Toujours selon l’enquête menée par AP, une demi-douzaine d’autres femmes ont parlé d’avances qui les avaient mises mal à l’aise et une quarantaine d’autres femmes interrogées par l’agence ont expliqué avoir assisté à des comportements déplacés de la star. « De nombreuses accusatrices ont dit avoir été plusieurs fois mises en garde par des collègues, leur déconseillant de rester seules avec Domingo, même dans un ascenseur, écrit AP. Dans les cas où elles acceptaient un repas avec lui, on leur conseillait d’éviter l’alcool, et de manger dans un lieu public, pour le déjeuner, pas le dîner. »

« Les normes auxquelles nous sommes tenus aujourd’hui sont très différentes »

« Les allégations de ces individus anonymes qui remontent parfois à trente ans sont profondément troublantes et, telles que présentées, inexactes », a réagi mardi M. Domingo, également chef d’orchestre et directeur général de l’Opéra de Los Angeles, dans un communiqué. « Il est cependant douloureux d’entendre que j’ai pu troubler quiconque ou les mettre mal à l’aise – même si c’était il y a très longtemps et en dépit de mes intentions », poursuit la star, marié de longue date.

Il assure par ailleurs n’avoir jamais eu que des relations consenties :

« Je croyais que toutes mes interactions et relations étaient toujours bienvenues et consenties. Les gens qui me connaissent ou qui ont travaillé avec moi savent que je ne suis pas quelqu’un qui intentionnellement heurterait, offenserait ou placerait quelqu’un dans l’embarras. »

A 78 ans, le ténor devenu baryton fait toutefois valoir que « les règles et les normes auxquelles nous sommes – et devons être – tenus aujourd’hui sont très différentes de ce qu’elles étaient par le passé. J’ai le privilège d’avoir eu plus de cinquante ans de carrière à l’opéra et respecterai les normes les plus élevées ».

« Nous pensons que les employés et artistes doivent être traités avec respect et se sentir en sécurité dans leur environnement de travail », a pour sa part estimé l’Opéra de Los Angeles dans un communiqué annonçant l’ouverture d’une enquête interne.

Ces accusations contre Placido Domingo viennent s’ajouter aux accusations de harcèlement ou d’agression sexuelle émises contre de nombreuses stars du monde du spectacle depuis le début du mouvement #MeToo, né dans la foulée des accusations contre le producteur de cinéma Harvey Weinstein, en octobre 2017.

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