ARTE - MERCREDI 14 AOÛT À 22 H 55 - DOCUMENTAIRE

Quoi de plus banal qu’un séminaire d’art contemporain dans la société mondialisée d’aujourd’hui ? Mais un séminaire d’art contemporain organisé à Pyongyang, capitale nord-coréenne, voilà qui change les perspectives et constitue une grande première. Organisé après de longues tractations, en août 2017, par l’artiste norvégien Morten Traavik, habitué des voyages en République démocratique de Corée, ce rassemblement pour le moins baroque et inhabituel est au cœur de ce documentaire.

Pour les autorités locales, inviter des artistes étrangers doit permettre de montrer au monde extérieur que la Corée du Nord est un pays ouvert

Durant une semaine, sept artistes n’ayant jamais mis les pieds auparavant sur le sol nord-coréen vont tenter de présenter leurs œuvres et d’échanger avec des artistes locaux. Pour les autorités locales, inviter des artistes étrangers doit permettre de montrer au monde extérieur que la Corée du Nord est un pays ouvert et propice à la créativité artistique.

Le réalisateur Tommy Gulliksen filme au plus près les échanges entre ces artistes (peintre, photographe, réalisatrice, graphiste) venus de Paris, Londres, Oslo ou Pékin, et leurs guides accompagnateurs, anglophones et zélés. Pas question de sortir du programme établi, de faire un pas de côté. L’incompréhension grandit. A tel point que Morten Traavik, se faisant le porte-parole du groupe, lance à l’un des guides : « Vous tenez tout le groupe en laisse, et vous serrez autant que vous pouvez ! Dès que l’un d’entre-nous veut faire quelque chose, il se fait rappeler à l’ordre. Tout pose problème, vous ne nous faites pas confiance ! »

Quelques tentatives d’échanges

La colère a été entendue. Plutôt que de risquer l’incident, les autorités lâchent un peu de lest. A l’Université des arts, au Conservatoire, quelques tentatives d’échanges entre artistes étrangers et nord-coréens ont lieu. Le hasard veut que cette réunion ait lieu au moment même où la Corée du Nord vient de provoquer la colère de Donald Trump en ayant procédé, avec succès, à un essai nucléaire. En écoutant les menaces du président américain, les artistes invités sont inquiets. Et lorsqu’ils demandent à leurs homologues nord-coréens ce qu’ils pensent de la situation, il est question de fierté, non de peur.

A la fin du court séjour, artistes étrangers et locaux échangent enfin leurs impressions devant des photos, des peintures, un enregistrement sonore. Le début d’une nouvelle aventure ? « Au moins, on s’est parlé, regardé dans les yeux. On a eu un vrai échange entre artistes. » Mission presque accomplie.

La Corée du Nord et l’art, documentaire de Tommy Gulliksen (Nor., 2017, 55 min). www.arte.tv/fr/videos/075812-000-A/la-coree-du-nord-et-l-art