Le « Grace 1 » a été arraisonné le 4 juillet par la police de Gibraltar et les forces spéciales britanniques. / Marcos Moreno / AP

Les Etats-Unis ont demandé jeudi 15 août aux autorités de Gibraltar de prolonger l’immobilisation du pétrolier iranien qu’elles retiennent depuis un mois, un coup de théâtre alors que le territoire britannique s’apprêtait à laisser repartir le navire.

Tandis qu’un accord entre Londres et Téhéran semblait à portée de main, Washington a déposé dans la nuit de mercredi à jeudi une demande d’entraide judiciaire pour que le navire, le Grace 1, soit saisi. « Le ministère américain de la justice a demandé la saisie du Grace 1 en mettant en avant un certain nombre de motifs qui sont en train d’être examinés », a précisé un porte-parole du gouvernement de Gibraltar, ajoutant que l’audience était reportée à 16 heures.

2,1 millions de barils de pétrole à bord

La Cour suprême du territoire devait décider de prolonger ou pas l’immobilisation du pétrolier, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie en violation d’un embargo européen. La fin de l’immobilisation du Grace 1 est pour l’instant fixée au samedi 19 août. Sans cette demande, « le navire serait reparti », a déclaré le président de la Cour suprême, le juge Anthony Dudley.

Une demande d’entraide judiciaire consiste généralement à demander à un tribunal tel que celui de Gibraltar d’appliquer une décision d’un tribunal étranger, dans ce cas, d’un tribunal américain. Entre-temps, le capitaine et les trois officiers du Grace 1, qui étaient en liberté sous caution, ont été formellement libérés, a annoncé un porte-parole du gouvernement de Gibraltar.

Le Grace 1, chargé de 2,1 millions de barils de pétrole, a été arraisonné le 4 juillet par la police de Gibraltar et les forces spéciales britanniques, provoquant une crise diplomatique entre Téhéran et Londres. Téhéran assure que le pétrolier naviguait dans les eaux internationales et accuse le Royaume-Uni d’acte de « piraterie », réclamant depuis le début que les Britanniques le laissent repartir. Le 19 juillet, l’Iran a pour sa part immobilisé dans le détroit d’Ormuz un pétrolier britannique, le Stena Impero, soupçonné de « non-respect du code maritime international ».

L’immobilisation du pétrolier et le regain de tensions diplomatiques qui en a découlé ont brouillé les efforts des Etats européens, qui tentent de sauver l’accord nucléaire avec l’Iran, dont les Etats-Unis se sont retirés l’an dernier, imposant de lourdes sanctions à la République islamique.