Evelyn Hernandez lors d’une audience à Ciudad Delgado, au Salvador, le 15 août. / JOSE CABEZAS / REUTERS

Une peine de 40 ans de prison pour meurtre a été requise vendredi 16 août devant un tribunal salvadorien contre une jeune femme qui a perdu son bébé, et le verdict doit être rendu lundi.

La législation anti-IVG au Salvador est l’une des plus strictes du monde. Le code pénal prévoit une peine de deux à huit ans de prison pour les cas d’avortement, mais, dans les faits, les juges considèrent toute perte du bébé comme un « homicide aggravé », puni de 30 à 50 ans de réclusion.

Evelyn Hernandez, désormais âgée de 21 ans mais adolescente au moment des faits, a protesté de son innocence à l’ouverture du procès jeudi. Le bébé était mort-né, a-t-elle toujours expliqué. Elle avait déjà été condamnée en juillet 2017 à 30 ans de prison mais la décision a été annulée en février par la Cour suprême, après 33 mois passés derrière les barreaux.

Pour ce deuxième procès, le ministère public salvadorien a changé de chef d’inculpation : Evelyn Hernandez n’est plus accusée d’homicide aggravé avec préméditation mais d’homicide aggravé par négligence.

« Liberté pour Evelyn ! »

« Demander 40 ans de prison, c’est une véritable folie, c’est une aberration juridique », s’est indignée Morena Herrera, coordinatrice de l’ONG salvadorienne ACDATEE qui milite pour la dépénalisation de l’avortement.

« Nous espérons un verdict d’acquittement : il n’y a aucun élément qui permette de penser qu’Evelyn avait l’intention de mettre fin à la vie du bébé (...) c’était un accident », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Arnau Baulenas, l’un des avocats de l’accusée.

L’affaire remonte au 6 avril 2016, lorsque la jeune femme donne naissance à un bébé dans des toilettes. Transférée à l’hôpital de la ville de Cojutepeque (centre), elle était arrêtée et accusée d’homicide, a expliqué son avocate Elizabeth Deras à l’AFP.

Dans un premier temps, il avait été dit qu’Evelyn Hernandez était tombée enceinte après un viol, mais son avocate a expliqué, sans donner plus de détails, préférer ne plus évoquer ces circonstances à la demande de la jeune femme qui habite dans un quartier contrôlé par les gangs et pourrait faire l’objet de représailles.

Aux cris de « Liberté pour Evelyn ! » et « A bas le patriarcat ! », une cinquantaine de militants pour les droits des femmes ont protesté devant le tribunal de Ciudad Delgado, au nord-est de San Salvador, la capitale. Actuellement, 16 femmes sont en prison au Salvador pour des avortements. Au cours des derniers mois, cinq femmes condamnées pour des cas similaires ont été remises en liberté.