Leonardo Jardim, le 9 août à Monaco. / VALERY HACHE / AFP

L’AS Monaco ne veut plus jouer à se faire peur. Sauvé à l’ultime journée de la saison dernière, terminée au 17e rang, le club du Rocher a entamé le nouvel exercice sur les mêmes bases, avec une défaite inaugurale, sévère et inquiétante, 3-0 à domicile contre Lyon, vendredi 9 août. De quoi raviver quelques fantômes, et remuer le couteau dans la plaie d’un mercato encore trop timoré.

Deux ans après son titre de champion de France, conquis avec les Fabinho, Lemar et autres Mbappé, l’ASM continue de payer le prix d’une politique de recrutement devenue hasardeuse à tous les niveaux, entre mauvaises pioches auprès des jeunes (Pietro Pellegri, Willem Geubbels), inspirations sans lendemain auprès de bons joueurs de Ligue 1 (Aholou, Grandsir), et tentative plus ou moins réussie de relance de glorieux anciens (Fabregas, Naldo).

En quête de joueurs aguerris

Pour en finir avec ses démons de la saison passée, Monaco compte désormais employer les grands moyens. L’arrivée sur la Côte d’Azur de l’international français et ex du FC Séville, Wissam Ben Yedder, acheté 40 millions d’euros, en témoigne. D’autres joueurs de son calibre sont également ciblés tels que Blaise Matuidi (Juventus de Turin), Tiémoué Bakayoko (Chelsea, champion de France 2017 avec l’ASM) ou encore le goléador de l’Inter Milan, Mauro Icardi, si le Colombien Falcao venait à quitter le Rocher.

Avec Ben Yedder, et après Lecomte, Aguilar, Gelson Martins et Onyekuru, Monaco a déjà investi 108 millions d’euros dans son mercato. A peine de quoi rassurer Jardim, qui sait que ses recrues ne sont pas toujours prêtes à démarrer la saison. « Ceux qui nous ont rejoints doivent être aptes. C’est pour ça que sur les trois matches à venir, on aura des difficultés. La gestion sera très importante, pour éviter les blessures. » Pour Ben Yedder, Jardim donne rendez-vous après la trêve, début septembre. « Il ne s’est pas entraîné les jours avant de venir, concentré sur son transfert. (…) Mais j’attends beaucoup de lui après la trêve. » « Il manque encore des joueurs offensifs », selon Jardim. « Je pense que des attaquants vont arriver. Au milieu aussi. Mais le club sait tout ça. »

Le club n’a plus de temps à perdre et va devoir trouver des joueurs rapidement opérationnels, comme nous explique Mathieu Faure, journaliste à Nice-Matin qui suit activement l’AS Monaco : « Il faut des joueurs aguerris et efficaces tout de suite. Ils ne veulent plus expérimenter, ils n’ont plus le temps de laisser aux joueurs un ou deux ans pour grandir, là ils doivent redevenir compétitifs immédiatement. »

« Campos a laissé un vide »

Une vraie rupture dans la politique du club, instaurée par Luis Campos, jusqu’à son départ vers Lille en juin 2016, après quelques différends avec Leonardo Jardim. Un départ qui a fait énormément de mal aux Monégasques selon Jérôme Rothen, ancien ailier de l’ASM, devenu consultant pour RMC : « Luis Campos a laissé un vide, on voit toute la qualité de son travail à Lille même si ça a mis un peu de temps car la première année était chaotique », affirme Rothen. « Il faut être investi, avoir un bon réseau, aussi l’œil pour être un bon recruteur sur de la jeunesse. Tout ça, Luis Campos il l’a, et quand il est parti de Monaco, il n’a pas été remplacé ou du moins par certaines personnes qui n’avaient pas les épaules. » Le costume était visiblement trop grand pour Michael Emenalo, arrivé de Chelsea, qui a été discrètement remercié cette semaine.

Autre changement, la concurrence sur les marchés des jeunes talents a explosé, et de nombreux clubs du continent européen s’accaparent aujourd’hui cette politique de trading : « Monaco, c’était intéressant il y a quatre ans sur le trading mais maintenant tous les grands clubs le font », nous explique Edouard Cissé, ancien joueur devenu consultant. Pour permettre le bon développement de ces jeunes talents, il faut aussi les entourer de joueurs un peu plus expérimentés et performants, ce que n’a pas réussi à faire le club monégasque la saison dernière.

Cette année, l’objectif donné à Leonardo Jardim est simple : retrouver rapidement les sommets de la Ligue 1. Le premier match, perdu face au Lyon de Sylvinho (0-3), n’a rassuré personne. Le deuxième, samedi, face au promu messin, qui a tenu en échec Strasbourg (1-1) en ouverture, doit permettre à l’ASM de lancer sa saison. Sous peine de terminer son mercato dans la panique.